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La Belgique sera-t-elle plus soudée après ces attentats ?

L’Union fait la force, selon la devise du royaume. Et pourtant, jamais la question linguistique n’a autant divisé le pays entre Flamands et Wallons. Deux régions qui semblent ne plus vouloir vivre ensemble. Les politiciens flamands se plaignant sans cesse de soutenir la «pauvre» Wallonie. Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 vont-ils ressouder les liens ?
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
  (Britta Pedersen/DPA)

Dans les colonnes de Sudpresse, Demetrio Scagliola donne le ton. La Belgique est «touchée mais toujours debout». Et l’éditorialiste de conclure: «C’est toujours dans ces moments difficiles, quand ils ont dû faire face au nazisme et au terrorisme politique d’extrême droite et d’extrême gauche, que les Belges ont su tirer le meilleur d’eux-mêmes et sauver le pays»
 
Est-ce juste un vœu pieux ? Ce genre de propos, tenus quand l’émotion est à son comble, deviennent rapidement lettre morte. On a vu en France, la belle unité du 11 janvier 2015 s’effriter dans la polémique. En Flandre, la presse est également unanime pour défendre une union nécessaire. «Nous ne réduirons le terrorisme que si toute la société, musulmans inclus, soutient la même approche. Avec la polarisation, nous ne progressons pas», écrit Isabel Albers du quotidien De Tijd.
 
Même sentiment dans Le Soir de la part de l’éditorialiste Béatrice Delvaux. «La logique d’union nationale doit jouer dans la mise en pratique pour trouver des solutions.»
 
Symbole éminent de cette union de tout un peuple, le roi Philippe, dont le rôle est uniquement protocolaire,  est intervenu à la télévision le 22 mars au soir, pour une brève allocution. Lui aussi a parlé d’unité. «Face à la menace, nous continuerons à répondre ensemble avec fermeté, avec calme et dignité.»
 

Incontestablement, la population, au soir des attentats, a montré sa solidarité. Des habitants ont proposé un hébergement aux «naufragés» de l’aéroport. Des rassemblements spontanés, comme sur la place de la Bourse à Bruxelles depuis le 22 mars au soir, ont témoigné d’une profonde émotion. Les partis politiques, dont le jeu bloque souvent les institutions, ont enterré la hache de guerre, du moins pour un moment.
 
Mais pour Jean-Claude Matgen, journaliste à La Libre Belgique que nous avons contacté, tout cela ne durera qu’un temps. Car fondamentalement, la société est plus clivée qu’en France, et ne résistera pas plus qu’à Paris, aux tensions qui la traversent.
 
Comme en écho, le chef du parti flamand N-VA et maire d’Anvers, Bart De Wever, a lâché un commentaire plein de sous-entendus à la télé flamande VTM. Il se dit furieux que les terroristes «ont souvent le soutien de leur propre communauté.» Un premier accroc dans l'unité affichée.

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