La Belgique prend, sans véritable gouvernement, la tête de l’UE
Fragilisée par ses luttes internes entre Flamands et Wallons, la Belgique, qui prend les rênes de l’UE pour six mois, a choisi de "se la jouer modeste" : la discrétion sera la valeur cardinale de cette 12e présidence tournante de l’UE. "Nous serons d’abord au service des institutions européennes", prévient le Premier ministre belge Yves Leterme.
Le pays n’a guère le choix.
_ Yves Leterme n’est plus à son poste que pour expédier les affaires courantes, jusqu’à ce qu’une nouvelle coalition soit mise en place, au plus tôt en octobre. Conséquence des récentes élections qui ont vu la victoire des indépendantistes flamands.
Ce semestre européen n’en est pas moins chargé : quelque 70 textes législatifs sont toujours en attente de conclusion. Un passif né des élections de 2009, des hésitations à reconduire Jose Manuel Barroso à la tête de la commission, et de la difficile ratification du traité de Lisbonne.
_ S’agissant des gros dossiers économiques, il y a la création attendue des nouvelles autorités de supervision des marchés, de la banque et de l’assurance, et la régulation européenne des fonds spéculatifs. Pour dépasser les différences de vue entre Etats membres, les autorités belges ont prévenu qu’elles n’hésiteraient pas à forcer un vote à la majorité qualifiée pour obtenir un accord.
Nouveau traité, nouvelles pratiques
Au-delà des sujets brûlants – auxquels il faut ajouter la gestion de la crise de la dette en zone euro – les responsables belges se donnent pour mission, par leur discrétion et leur effacement, d’aider les nouvelles autorités européennes à trouver définitivement leurs marques.
La création du service d’action extérieure (un corps diplomatique composé de plusieurs milliers de personnes) est attendue pour le 1er décembre. Le président du Conseil européen, le Belge Herman Van Rompuy, aura le champ libre pour organiser une série de sommets européens extraordinaires sur la gouvernance mondiale, le changement climatique ou la sécurité énergétique.
Les chantiers sont donc multiples, pour ne pas dire énormes, d’autant que la présidence belge dresse un constat inquiétant de la situation européenne : une crise d’une ampleur sans précédent depuis 50 ans, des déficits énormes, une population vieillissante et la concurrence des puissantes émergentes.
_ "De quoi se pendre ?," se demandait dimanche le quotidien belge francophone Le Soir.
Gilles Halais, avec agences
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