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La béatification de Pie XII reportée de plusieurs années

Benoit XVI envisage sérieusement de surseoir à la béatification de Pie XII, au moins jusqu’à l’examen minutieux des archives sur le pontificat très controversé du "pape de l’Occupation". Et cela prendra cinq à sept ans…
Article rédigé par franceinfo
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Le 9 octobre, pour le 50ème anniversaire de la mort de Pie XII, le pape Benoit XVI s’était déclaré favorable à la béatification de son illustre prédécesseur, dont la procédure a été lancée dans les années 1960. Mais, visiblement soucieux d’apaiser le malaise né avec Israël, le souverain pontife n’a pas encore signé le décret proclamant les "vertus héroïques" du défunt pape.

Il faut dire que l’attitude "ambigüe" de Pie XII sous le IIIème Reich, particulièrement face aux persécutions subies par les Juifs, est un sujet plus que sensible entre le Vatican et Israël. Dans ce contexte, précipiter la béatification du controversé souverain pontife risquerait de compromettre plus de 40 ans d’efforts pour rétablir le dialogue et la confiance avec l’Etat hébreu.

"Le crime inouï de la Shoah"

Rappelons que les liens diplomatiques entre Israël et le Saint-Siège n’ont été établis qu’en 1993. Ils sont le fruit d’un long processus de rapprochement entre les deux religions depuis le concile du Vatican II (1962-65). Lequel avait produit un texte majeur – "Nostra Aetate" – qui mettait fin à l’"enseignement du mépris" envers les juifs, accusés de déicide pendant deux millénaires, et reconnaissait la filiation entre les deux religions.

Benoit XVI a poursuivi l’œuvre de rapprochement de Jean-Paul II, en dénonçant "le crime inouï de la Shoah". Tout en assurant, il y a quelques semaines, que Pie XII avait œuvré "secrètement et en silence" pendant tout le conflit "pour éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de Juifs". Des paroles qui passent mal en terre juive, où Pie XII est plutôt considéré comme le pape qui a gardé un silence coupable sur le sort des Juifs.

Dans ce contexte, "béatifier Pie XII avant d’avoir balayé tous les doutes sur son silence (…) ouvrirait une blessure difficile à refermer", selon le rabbin David Rosen. "S’il y a des preuves, alors il faut les examiner sérieusement", précise le président Shimon Peres. Message semble-t-il reçu au Vatican.

Gilles Halais avec agences

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