L'Islande bientôt membre de l'UE?

La semaine dernière, les députés islandais s'étaient déjà déclarés favorables au dépôt d'une candidature d'adhésion à l'Union européenne (souhaitée par le gouvernement), premier pas vers la probable fin de la sacro-sainte neutralité islandaise. L'île de l'Atlantique nord a en effet toujours joué la carte de l'indépendance, voire de la franche réticence à toute intégration européenne, à l'image de l'euro-scepticisme qui règne dans un autre pays nordique, la Norvège.

Mais c'était avant la crise financière. Avant octobre 2008, l'Islande était le deuxième pays le plus développé au monde selon l'indice de développement humain (IDH). Son économie, basée sur un système d'économie mixte où les services, la finance, la pêche et les industries sont les principaux secteurs, n'a pas résisté à la crise économique mondiale.

Ce séisme financier a poussé Reykjavik au bord de la faillite. Après avoir accumulé une dette massive pendant les années de laisser-faire économique et de croissance rapide, les trois principales banques du pays se sont effondrées en l'espace d'une semaine, ne devant leur salut qu'à une nationalisation en urgence.

Pour le Premier ministre islandais, Johanna Sigurdardottir, l'adhésion à l'Union européenne est le seul moyen de garantir l'avenir financier du pays, lourdement endetté.

Elle a milité sans relâche pour convaincre les députés. Le vote de l'Althing, le plus ancien Parlement au monde, a été serré (33 députés ont voté pour, 28 contre et 2 se sont abstenus), mais le Parlement islandais a finalement autorisé le gouvernement à engager des pourparlers d'adhésion avec l'UE.

Reykjavik applique déjà une très grande partie de la réglementation communautaire de par son appartenance à l'espace économique européen, mais le principal obstacle à l'entrée de l'Islande comme 28ème membre de l'UE reste l'application des quotas sur la pêche... et surtout le moratoire sur la chasse à la baleine.

Si la demande de candidature est acceptée par l'Union, le gouvernement islandais a promis d'organiser un référendum sur la question de l'adhésion proprement dite auprès du peuple islandais, fort de 320.000 âmes.

Selon un sondage réalisé en mai dernier, 61,2% des Islandais sont favorables à des discussions avec l'Union européenne et 29,6% contre. Mais ils restent divisés à parts égales sur l'adhésion proprement dite.

Anne Jocteur Monrozier