L'inscription de la "règle d'or" de stabilité budgétaire dans la Constitution provoque des remous en Espagne
Les deux grands syndicats espagnols CCOO et UGT ont appelé à manifester mardi soir contre le projet de loi en ce sens. Ils réclament un référendum.
Le texte, présenté en urgence, a été adopté par les députés vendredi dernier et doit être définitivement voté mercredi au Sénat. Il s'agit d'un signal de bonne volonté à l'adresse des marchés.
Dès jeudi soir, plusieurs milliers d'"indignés" ont manifesté à Madrid contre la réforme, dénonçant "la dictature des marchés" et réclamant un référendum.
De leur côté, la plupart des petits partis, qui critiquent à la fois l'intérêt de la réforme et son adoption en urgence, avaient déposé 24 amendements au texte. Six amendements, voulant notamment introduire une obligation de référendum, ont été rejetés jeudi par les députés. Les 18 autres l'ont été vendredi.
Au final, le texte, qui inclut dans la Constitution le principe d'une limite du déficit public, a été voté à 316 voix pour et 5 contre. Le projet, doit être approuvé par trois cinquièmes des voix.
L'Espagne a opté pour une procédure d'urgence afin de valider la réforme avant la dissolution du Parlement le 27 septembre, en prévision des élections législatives anticipées du 20 novembre.
L'adoption définitive du texte ne fait aucun doute, le Parti socialiste au pouvoir (PSOE) et le principal parti d'opposition de droite, le Parti Populaire (PP), ayant noué un accord.
Avec cette réforme, l'Espagne devient le premier pays à répondre à l'appel lancé le 16 août par la France et l'Allemagne, qui ont souhaité que les 17 pays de l'eurogroupe adoptent avant l'été 2012 la "règle d 'or " visant à l'équilibre budgétaire. La Commission européenne a salué dès mardi la décision des députés espagnols comme une "démarche positive".
Pour Madrid, la réforme, qui s'accompagne d'une loi organique (votée d'ici à juin 2012) incluant une limite chiffrée à 0,4% du PIB à partir de 2020, se veut un gage de bonne volonté face à des marchés financiers toujours sceptiques.
Mais, dans un pays à l'économie sinistrée depuis la crise et l'éclatement de sa bulle immobilière, avec un chômage record (20,89%) parmi les pays industrialisés, ce nouveau message de rigueur passe mal auprès de la population.
Il s'ajoute aux mesures d'austérité adoptées depuis deux ans, comme la suppression d'aides sociales et la baisse du salaire des fonctionnaires.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.