L'Espagne tourne la page du franquisme
C'est une loi controversée, mais indispensable. Pour que l'Espagne tourne enfin la page du franquisme. Une loi portée à bout de bras par l'actuel chef du gouvernement, le socialiste José Luis Zapatero, lui-même petit-fils d'un capitaine républicain fusillé.
La loi dite de la “mémoire historique” a pour objet de “reconnaître et accroître les droits” de ceux “qui ont souffert de persécution ou violences (...) durant la Guerre civile et la dictature” (voir encadré). Elle a été adoptée par les députés cet après-midi, à une majorité écrasante : 324 voix pour, sur 350.
C'est la première fois, donc, que sont reconnues et réhabilitées les victimes du franquisme. Et ça ne s'est pas fait sans mal. Aucun parti politique, sauf le parti socialiste, ne voulait d'une loi, au départ. Très remonté, le principal parti d'opposition, le Parti populaire jugeait même le texte “dangereux” et “inutile”, estimant qu'il ne faisait que “rouvrir les plaies du passé”. A l'opposé, les associations de victimes le jugeaient trop neutre, n'allant pas assez loin dans la condamnation du franquisme.
Il aura fallu plusieurs mois de tractations pour aboutir à un compromis. Le PP a même donné son feu vert pour un amendement visant à interdire toute manifestation de nostalgiques d'extrême-droite dans le mausolée du franquisme, la Basilique du "Valle de los Caidos" où le "Caudillo" est enterré. Amnesty international, qui accusait le projet initial d'enterrer l'histoire à bon compte, estime aujourd'hui que la mouture finale de la loi constitue une “avancée contre l'oubli”.
Le compromis majeur a consisté à déclarer “illégitimes” les procès franquistes qui ont abouti à l'exécution de 50.000 Républicains après la Guerre civile et à l'incarcération de dizaines de milliers d'autres. Illégitimes, plutôt qu'annulés.
_ Aux juges du Tribunal suprême de décider des conséquences juridiques à donner à cette déclaration d'“illégitimité”. Car jusqu'à présent la justice espagnole a toujours rejeté les demandes de révision.
Dernier élément-phare de la loi, l'obligation d'enlever tous les symboles restants du franquisme sur les édifices publics. Une disposition qui n'a pas vraiment soulevée de réticences...
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