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Islande: après la crise, la croissance

A l’automne 2008, l’Islande a connu une crise financière qui l’a mise au bord de la banqueroute. Aujourd’hui, la petite île scandinave sort la tête de l’eau. Elle prévoit une croissance de 2,5 % en 2011 et de 3 % en 2012.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
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L'entrée d'une agence de la banque Landsbanki (8-10-2008) à Reykjavic, une des banques par qui la crise est arrivée (AFP - OLIVIER MORIN )

Avant 2008, les autorités islandaises se vantaient d’un système bancaire parmi les plus attractifs de la planète. L’économie était alors en plein boom, basé sur un crédit facile. Les actifs des trois banques Glitnir, Kaupthing et Laudsbanki représentaient 11 fois le PIB du pays, créant ainsi une économie hypertrophiée.

Le 15 septembre survient la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. L’onde de choc atteint de plein fouet ses consœurs islandaises qui font faillite. D’un coup, le pays perd l’accès aux marchés financiers, la valeur de la monnaie diminue de moitié. Le chômage grimpe de 2 à 8 %.

Devant la perspective de voir toute l’économie s’effondrer, le gouvernement nationalise les trois banques. Mais il doit aussi demander au FMI une aide de 2,25 milliards de dollars.

Des manifestations de mécontentement entraînent des heurts avec la police, pour la première fois depuis 60 ans. Le gouvernement de centre-droit du premier ministre Geir Haarde démissionne. Il est remplacé par une coalition de la gauche et des verts qui doit gérer une autre crise: la faillite d’Icesave, filiale en ligne de Landsbanski. 340.000 épargnants britanniques et néerlandais se retrouvant lésés, Londres et La Haye réclament à Reykjavik 3,9 milliards de dollars.

Des négociations s’engagent entre les trois pays. En mars 2010, un premier accord de remboursement est refusé par 93 % des électeurs. Pour eux, il est hors de question que le contribuable rembourse, à un taux d’intérêt élevé, des dettes contractées par une banque privée. Un second plan est rejeté par 60 % des voix en avril 2011. Finalement, Landsbanki annonce en septembre avoir récupéré des fonds suffisants pour rembourser les épargnants étrangers.

Quelle leçon tirer de cette crise ?
A la même époque s’engage le procès de Geir Haarde pour sa responsabilité dans l’effondrement du système financier. Un rapport parlementaire a mis en avant son «extrême négligence» tout en mettant en cause trois autres ex-ministres, des banquiers et des financiers. S’estimant innocent, il qualifie son procès de «farce politique».

Entre temps, le pays a renoué avec la croissance après une sévère cure d’austérité. Il «a bien avancé dans la mise en œuvre du programme global convenu avec le FMI. L’activité économique a cessé de se contracter à la fin de 2010» et la reprise «devrait prendre de l’ampleur», explique l’OCDE. Conséquence : les Islandais, qui avaient posé leur candidature à l’Union européenne dans la foulée de leurs difficultés économiques, sont beaucoup moins chauds pour rejoindre l’UE. En raison des différends liés à l’affaire Icesave et des problèmes de la zone euro…

Dans ce contexte, peut-on tirer une leçon de la crise islandaise ? «L'enseignement qui peut être tiré, c'est qu'il est important de faire supporter le moins possible le coût de la crise financière par le contribuable», répond l'analyste Jon Bjarki Bentsson, de la banque Islandsbanki. Un avis partagé par le prix Nobel américain d’économie Paul Krugman. «Là où tous les autres ont renfloué les banques et laissé les citoyens en payer le prix, l'Islande a laissé les banques aller à la faillite et a, en fait, augmenté son filet de protection social», écrit-il dans le New York Times.

«La grande différence entre, notamment la Grèce, l'Italie aujourd'hui et l'Islande en 2008, c'est que cette dernière était frappée par une crise des banques causée par l'effondrement d'un secteur bancaire hypertrophié tandis que les autres pays sont affectés par une crise de la dette souveraine qui a débordé dans le secteur bancaire européen», conclut Jon Bjarki Bentsson.

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