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Inquiétude à Pompei après un nouvel effondrement

Un mur d'enceinte de la "Maison du moraliste", à Pompei s'est en partie écroulé ce mardi, à cause des fortes pluies. L'inquiétude est de plus en plus grande autour de la ville antique, classée au patrimoine mondial de l'Humanité. Il y a trois semaines, c'est la "Maison du gladiateur" qui s'est effondrée. La polémique fait rage en Italie.
Article rédigé par franceinfo
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Cette fois, heureusement, la perte n'est pas grande. Un morceau du mur d'enceinte de la “maison du moraliste”, sur le site archéologique de Pompei, s'est effondré ce mardi, à cause des fortes pluies. Cet édifice, fermé au public, est ainsi nommé à cause des maximes de bonne conduite que son propriétaire a fait inscrire sur certains murs de sa maison. Le mur qui s'est effondré était déjà tombé à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale, et il avait été remonté.

Mais ce n'est pas tant ce morceau de mur qui inquiète le monde entier, que les menaces qui semblent peser sur la ville, ensevelie par l'éruption du Vésuve, le 24 août 79, et remise à jour depuis le début des fouilles scientifiques de 1860. Il y a trois semaines, un autre effondrement, autrement plus regrettable, a eu lieu : au matin du 6 novembre, gardiens et visiteurs ont retrouvé un amas de pierre à la place de la “maison du gladiateur”, qui doit son nom aux graffitis et aux fresques qui rappellent les victoires et les conquêtes amoureuses des gladiateurs. Une perte irréparable. Elle était pourtant fermée au public pour cause de dangerosité. Mais les travaux nécessaires pour la consolider n'ont pas été effectués, ou très mal.

EFFONDREMENTS A ROME ET A POMPEI

Ce nouvel effondrement va relancer la polémique qui fait rage en Italie depuis trois semaines, et se cristallise autour du ministre de la Culture, Sandro Bondi, un proche de Silvio Berlusconi. L'intéressé tente de minimiser l'effondrement de ce matin, rappelant que le site est contrôlé en permanence et appelant à éviter tout “alarmisme inutile”. Mais les archéologues ne seront sans doute pas sensibles à cette sirène. “Nous sommes fatigués de commenter les perpétuels effondrements
et dommages subis par l'héritage archéologique de notre pays”, avait écrit Giorgia Leoni, présidente de la Confédération italienne des
archéologues, après l'effondrement de la “maison des gladiateurs”. En janvier, un autre édifice de Pompei, la “maison des amants chastes” s'est affaissée. Fin mars, une partie du plafond de la Domus aurea , le palais de Néron, est tombée. Le Colisée a également souffert cette année.

A chaque fois, les infiltrations sont en cause, et les travaux, selon les spécialistes, ne coûtent pas forcément cher. Mais le ministère de la Culture italien ne reçoit que 0,18% du budget national (contre 1% en France). Et le gouvernement prévoit de sabrer 280 millions d'euros sur trois ans dans ce budget déjà chiche. Les personnels du ministère et les artistes ont d'ailleurs manifesté la semaine dernière, contre cette politique, avec des grèves à l'appui. L'opposition compte déposer une motion de censure contre le ministre Bondi. Pendant ce temps, Pompei s'effrite, et selon le maire de la ville, “rien, pratiquement, n'est fait pour protéger cet immense
patrimoine”.

Grégoire Lecalot, avec agences

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