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Hongrie: les électeurs boudent le référendum sur l’immigration
98,32% des électeurs hongrois, qui ont participé le 2 octobre 2016 au référendum concernant le plan de l’UE sur l’accueil des migrants, ont voté non. Mais le vote a été invalidé faute d'une participation suffisante: 39,9% des inscrits. Ils auraient dû être au moins 50% pour que la consultation ait force légale. L’affaire constitue ainsi un revers pour le Premier ministre, Viktor Orban.
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Mais le chef du gouvernement conservateur Viktor Orban a refusé d'y voir un échec, au terme d'une campagne contre les migrants qui a mobilisé tout le camp du pouvoir et les médias proches du gouvernement pendant des semaines. «Bruxelles ou Budapest, telle était la question, et nous avons dit Budapest. Nous avons décidé que la question (migratoire) relevait de la juridiction de la Hongrie», s'est félicité le Premier ministre. Lequel avait pensé ce référendum comme un défi à la gouvernance de l'Union européenne, au nom de la souveraineté des nations.
L'Union européenne «ne pourra pas imposer sa volonté à la Hongrie», a-t-il martelé après la proclamation des résultats.
«Il veut continuer la bataille», mais «sur la scène internationale, c'est une défaite», analyse Bulcsu Hunyadi, de l'institut Political Capital, selon lequel «la position d'Orban à la table des négociations est affaiblie». Porté par le discours d'un gouvernement qui assimile l'immigration à une menace culturelle, aux violences, au terrorisme, le gouvernement de Budapest n'a proposé à ce jour aucune place d'accueil de réfugiés relocalisés.
Coup politique
La Hongrie souhaitait, par ce référendum, s'affranchir de toute obligation de contribuer à cet effort européen. Le pays est censé accueillir au moins 1.294 migrants en vertu du plan européen de répartition de 160.000 personnes, adopté en 2015 pour soulager les pays d'arrivée des migrants en Europe, la Grèce et l'Italie.
Les électeurs étaient appelés à répondre à la question: «Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois?»
Mais selon l'analyste Bulcsu Hunyadi, même des électeurs du parti Fidesz du Premier ministre font certainement parti des abstentionnistes «en raison de cette campagne trop biaisée». A Budaörs, à 15 km de la capitale, Marci, un agriculteur de 40 ans, expliquait ainsi avoir refusé de prendre part au scrutin pour ne pas être «un pion sur l'échiquier d'Orban». En clair, le Premier ministre a voulu faire un coup politique. Et il a perdu.
Vidéo Euronews (en anglais), mise en ligne le 2 octobre 2016
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