Europe: quand la Grèce énerve les gouvernements de droite
La dette grecque, encore et toujours. Cette fois, la ligne de fracture qu’elle génère au sein de l’Union n’est plus «Nord-Sud» mais entre gauche et droite. Tout a commencé par un discours d’Alexis Tsipras, le Premier ministre grec prononcé le 28 février 2015. Il accusait Madrid et Lisbonne d’avoir mené des pressions qui avaient tout du «chantage».
«On était sur un terrain miné, les forces conservatrices en Europe ont tenté de nous piéger pour nous conduire à une asphyxie financière», a accusé Alexis Tsipras. «Ces puissances ne souhaitaient pas que l’exemple grec ait une influence» a précisé le chef du gouvernement grec, «surtout dans la perspective des élections en Espagne».
L’argumentation de Tsipras repose sur une idée simple. Il ne faut pas que le précédent Syriza fasse tache d’huile en Europe. Donc, donner à la Grèce ce qu’elle veut (l’allègement de la dette) aurait été un message fort envoyé à tous les électeurs d’Europe, comme quoi une autre voie était possible.
Rajoy au créneau
Le premier à réagir, et vivement, a été Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol. Non seulement car il a été nommément visé, mais aussi parce qu’il est menacé dans les urnes par une nouvelle gauche espagnole, Podemos, copie ibérique de Syriza.
«Nous ne sommes pas responsables de la frustration qu'a créée la gauche radicale grecque en faisant des promesses qu'elle savait intenables», a-t-il lancé devant des militants réunis à Séville.
Et d’enfoncer le clou : «Se chercher un ennemi à l'extérieur (...), nous l'avons déjà vu plusieurs fois dans l'Histoire, cela ne résout pas les problèmes, ça ne fait que les aggraver.»
Les Portugais ont aussi vivement réagi. Des élections auront lieu au Portugal en septembre ou octobre 2015. Le porte-parole du PSD, parti de centre droit au pouvoir, a évoqué des propos «absurdes et tristes de la part d’un dirigeant qui devrait être à la hauteur de ses responsabilités». Marco Antonio Costa a ajouté : les déclarations de M.Tsipras «sont très graves, lamentables et fausses».
N’en jetez plus !
L'Allemagne condamne
Nicolas Sarkozy y est allé lui aussi de son couplet anti-Syriza, considérant qu’Alexis Tsipras avait «mangé son chapeau», «Il a ravalé ses promesses électorales». Là, les liens avec la politique intérieure ne sont même pas cachés. Nicolas Sarkozy considérant que le FN (qui soutient Syriza sur l’Europe) ne ferait pas mieux en France… les départementales sont proches.
Enfin, le coup de grâce anti-Tsipras a été porté par le gouvernement allemand, le 2 mars. La déclaration du Premier ministre grec est considérée comme une faute. «Cela ne se fait pas dans l’Eurogroupe», a déclaré le porte-parole du ministre des Finances allemand. Martin Jager a pris la défense des deux pays da la péninsule ibérique.
Bref, l’ambiance est plutôt glaciale dans l’Eurogroupe.
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