Europe: l'austérité est-elle la seule (bonne) solution?
Hausse de la TVA, baisse de la dépense publique, réforme du marché du travail, du chômage et des retraites… L’Institut de l’Entreprise détaille dans un document de quelque 130 pages les réformes engagées par plusieurs Etats européens (Royaume-Uni, Irlande, Espagne et Italie) pendant la crise. Des pays qui «sous la contrainte des événements nés de la crise, ont chacun engagé un effort de consolidation budgétaire de grande ampleur, et/ou se sont attaqué aux obstacles structurels qui grevaient la compétitivité de leur économie», se félicite ce rapport.
Selon l’étude, présidée par Michel Pébereau, ancien directeur du Trésor, ex-président de Paribas, ancien conseiller de Valéry Giscard d'Estaing, considéré comme un visiteur du soir de Nicolas Sarkozy, les réformes dans ces pays ont été axées sur une importante baisse de la dépense publique (diminution des effectifs, gel ou baisse des rémunérations…), une réduction de la finance locale (coupes budgétaires, suppression d’effectifs, dispositifs de contrôle) et une réduction des dépenses sociales (réforme des systèmes de santé, désindexation des prestations…).
Outre la réduction des dépenses publiques (plutôt que la hausse des impôts, hormis la TVA), les pays étudiés ont donc fait porter leurs choix politiques sur:
-les retraites (les quatre pays ont procédé à des réformes importantes de leurs régimes de pensions avec rallongement des cotisations et réduction des prestations),
-le marché du travail (Job acts en Italie ) allant vers une plus grande fléxibilité sans oublier le coût et la durée du travail ou l’accompagnement des chômeurs (réduction des montants et durées d’indemnisation),
-le marché des biens et services (réformes des secteurs réglementés en Italie et en Espagne).
Les chiffres du document ont tendance à présenter les réformes engagées par ces pays comme positives même si Michel Pébereau affirme qu’il «faut être prudent dans l’analyse des résultats», notant les importants déficits budgétaire et commercial britanniques. «Notre jugement est qu’à la fois les politiques d’austérité ont permis des résultats intéressants mais que les problèmes économiques demeurent. La roche tarpéienne est proche du Capitole», estime M.Pébereau.
Toujours difficile en effet de mesurer les résultats d'une politique qui n'est jamais isolée d'un contexte. Le Royaume-Uni n'est pas dans l'euro et a pu jouer sur sa monnaie et sa politique monétaire. Le rapport note d'ailleurs que «l’économie européenne semble être aujourd’hui sur la bonne voie, porté principalement par la baisse du prix de l’énergie, la politique monétaire interventionniste menée par la BCE et la faiblesse de l’euro».
Il reste néanmoins que «l’Irlande (4,8%), le Royaume-Uni (2,8%) ont connu une croissance vigoureuse en 2014 (vs. des taux de croissance respectifs de 0,9% et 1,4% pour la zone euro et l’Union Européenne la même année)».
Au-delà des chiffres, l'étude a sans doute pour objectif de conforter les partisans de réformes structurelles lors de la prochaine présidentielle française. La note précise d'ailleurs que «les élections britanniques du 7 mai 2015 montrent qu’il est possible d’être réélu sur un programme d’austérité».
En plein débat sur la Grèce, où les tenants d'une politique anti-austérité ont gagné, et alors qu'en Espagne Podemos vise les prochaines élections pour changer la politique du pays, cette étude pose la question de savoir si une seule politique est possible. On ne serait alors pas loin de ce que dénoncent les altermondialistes en évoquant le fameux TINA (There is no alternative) qui serait cher à ce que Michel Pébereau dit clairement: «Il n’y a pas de politiques alternatives»…
«Sortir de la crise : les enseignements de nos voisins européens»
Institut de l'Entreprise (130 pages, 35 euros)
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