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Espagne : la patronne des services secrets évincée en raison d'un scandale d'espionnage

Les services secrets espagnols ont reconnu avoir mis sur écoute les téléphones d'indépendantistes catalans via le logiciel Pegasus.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancienne patronne des services secrets espagnols, Paz Esteban, le 5 mai 2022 à Madrid (Espagne). (JUAN CARLOS HIDALGO / EFE / AFP)

Elle n'a pas résisté au scandale. La patronne des services de renseignement espagnols a été destituée mardi 10 mai par le gouvernement après le scandale provoqué par la révélation que les téléphones d'indépendantistes catalans avaient été écoutés par ses services grâce au logiciel Pegasus. "Le gouvernement a décidé aujourd'hui de procéder à un changement à la direction du CNI", le Centre national du renseignement, a annoncé la ministre de la Défense, Margarita Robles, ministre de tutelle des services de renseignement, à l'issue du Conseil des ministres.

Première femme nommée, en 2020, à la tête du CNI, Paz Esteban apparaissait depuis plusieurs jours comme la victime désignée de ce scandale d'espionnage. Agée de 64 ans, cette diplômée en philosophie et en lettres travaillait depuis près de quarante ans au CNI. Elle sera remplacée par Esperanza Casteleiro Llamazares, actuelle numéro deux de Robles au ministère de la Défense.

L'exécutif assure n'avoir pas été informé

Questionnée jeudi par une commission parlementaire, Paz Esteban avait reconnu, selon ce qu'avaient rapporté les médias espagnols, que 18 indépendantistes catalans avaient fait l'objet d'écoutes de la part du CNI, mais toujours avec le feu vert de la justice, donc de manière légale. Parmi eux figurait l'actuel président régional, Pere Aragonés, alors qu'il était vice-président. Préparant le terrain à son éviction, des sources gouvernementales citées dans les médias, assuraient depuis lors que l'exécutif n'avait pas été informé de ces écoutes, en dépit du caractère extrêmement sensible de la question catalane.

Ce scandale agite l'Espagne depuis la publication, le 18 avril, d'un rapport de l'organisation canadienne Citizen Lab assurant avoir identifié plus de 60 personnes de la mouvance séparatiste dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel espion Pegasus.

A ce premier scandale est venue s'ajouter l'annonce, le 2 mai, par le gouvernement que le Premier ministre Pedro Sánchez et Margarita Robles avaient eux-mêmes été espionnés en mai et juin 2021 via ce même logiciel, créé par la société israélienne NSO, dans le cadre d'une "attaque externe" menée par un acteur non-identifié. L'exécutif, qui a révélé mardi que le portable du ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, avait lui aussi été écouté en mai 2021, affirme toutefois ne pas savoir qui peut en être à l'origine, face aux questions de la presse sur une éventuelle implication du Maroc.

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