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Elections européennes: un «tremblement de terre» vu par la presse mondiale

Montée de l’extrême droite et du populisme en Europe, «tremblement de terre» politique en France : voici résumées les premières réactions de la presse mondiale (hors UE) aux élections européennes.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La joie du leader de l'Ukip, Nigel Farage, après l'annonce des résultats aux élections européennes, le 25 mai 2014. Il se trouvait alors à Southampton.  (Reuters - Luke MacGregor)
«Tremblement de terre», «séisme» sont les mots qui reviennent le plus souvent dans les articles des journaux extérieurs à l’Union européenne. Avec, fréquemment, une photo de la présidente du Front national français, Marine Le Pen, triomphante. Et dans une moindre mesure celle du leader de l’Ukip britannique (United Kingdom Independence Party), Nigel Farage, dont la formation antieuropéenne obtient 27,5% des voix.

Il n’y a peut-être qu’aux Etats-Unis où les réactions sont plus dépassionnées. Plutôt que de parler de formations d’extrême droite, le Washington Post évoque des «partis anti-establishment» qui «revendiquent des victoires importantes pour les élections au Parlement européen». Les électeurs ont ainsi «renforcé des partis autrefois marginaux ("fringe") (…) et donné à certains des plus farouches détracteurs» de l’UE une place influente au sein de la future assemblée, poursuit le quoditien.
 
L’autre grand journal de la côte Est, le New York Times, emploie la même expression que son confrère ("fringe") pour désigner les formations victorieuses. Et de conclure que «largement vu comme une institution secondaire par rapport aux assemblées nationales, le Parlement européen s’est battu pendant des années, largement en vain, pour galvaniser l’intérêt du public, en dépit d’un élargissement de ses pouvoirs».

L’Europe est loin
«Une colère sourde gronde en Europe. Les eurosceptiques ont fait une percée majeure à l’occasion» du scrutin européen, commente le journal québecois Le Devoir (accès payant), le seul de tous les journaux en ligne consultés à faire un tout début d’analyse. En évoquant «une colère sourde (qui) gronde en Europe», le journal a-t-il voulu évoquer de manière lointaine le début du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx : «Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme»…?

La leader du Front national français, Marine Le Pen, entourée de journalistes, à l'annonce des premiers résultats des élections européennes le 25 mai 2014 au siège de son parti à Nanterre (Hauts-de-Seine). (Reuters - Christian Hartmann)

Ailleurs qu’en Amérique du Nord, la presse revient sur la violence du choc du «tremblement de terre», notamment en France. En Israël, par exemple, des quotidiens comme Haaretz ou Yediote Aharonote, ont rédigé des papiers à partir de dépêches d’agence. Mais dans leurs titres, ils retiennent le terme «extrême droite» pour qualifier le FN. La preuve, sans doute, que la victoire de ce parti inquiète les observateurs israéliens.

En Asie, l’agence Chine nouvelle retient essentiellement du scrutin le «tremblement de terre» en France. Pour autant, sa dépêche sur le sujet n’est pas forcément facile à trouver en ligne : l’Europe est loin de l’ex-Empire du Milieu… Le papier note, dans sa première ligne, que le «Parti national» (au lieu de Front national) développe «une rhétorique hostile» à l’UE et «défend un renforcement des règles sur l’immigration».
 
Dans le même temps, il est difficile de trouver des éléments d’information dans d’autres médias asiatiques ou australiens. Hormis, ça et là, quelques dépêches d’agence. Décidément, le Vieux continent semble bien loin de leurs préoccupations…

«Austérité», «crise», «chômage»
Et qu’en dit la presse russe ? Sur le site de Russia Today (RT), la réaction est en deux temps. On trouve ainsi un papier factuel (en date du 26 mai 2014 à 7h10) évoquant un «tremblement de terre politique», avec «une poussée ("surge") eurosceptique». Le vrai commentaire était venu la veille avec un «abécédaire» des élections au Parlement européen. Un «abécédaire» de A à Z qui résume, en 26 lettres, l’UE, ses faiblesses supposées. Et surtout l’opinion qu’en ont les autorités russes, qui s’affrontent verbalement (et économiquement) avec les Occidentaux à propos de l’Ukraine.

«A» désigne ainsi l’«austérité» en vigueur dans l’Union européenne. «C» évoque la Catalogne «à la recherche de son indépendance (…) depuis les dernières années du XIXe siècle». Ce qui insinue que Bruxelles serait quelque peu liberticide. Et que l’UE, par ailleurs confrontée à la menace de sécession de l’Ecosse, serait en voie d’implosion. D comme «désenchantement» des citoyens européens dans un espace où «le personnel politique (…) a défendu comme remède à la crise des mesures d’austérité et des coupes dans les budgets sociaux».

«F» égale «France», après la victoire du FN : un pays où « nulle part ailleurs, la progression de l’extrême droite est plus évidente», phénomène liée à «la crise,(à) l’immigration et (au) chômage». «N» comme «nationalisme»: «Si les nations n’ont pas la possibilité de sortir démocratiquement de l’UE, l’entité (européenne) pourrait connaître une fin violente», selon des propos attribués à Nigel Farage, leader de l’Ukip britannique. Si l’on en croit RT, le Vieux continent serait donc appelé à un bien sombre avenir…

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