Élections législatives en Autriche : droite et extrême droite pourraient s’allier pour gouverner
Les Autrichiens sont appelés à voter dimanche 15 octobre aux élections législatives anticipées qui devraient propulser droite et extrême droite à la tête du pays.
Les six millions d’électeurs autrichiens sont appelés aux urnes dimanche 15 octobre pour renouveler leur parlement à l’occasion d’élections législatives anticipées. La coalition au pouvoir, qui rassemblait droite et gauche, a volé en éclat il y a quelques mois, aussi le pays doit-il à nouveau se choisir une majorité. Dimanche soir, si les prévisions données par les sondages se confirment, le candidat du parti populaire OVP, Sebastian Kurz, 31 ans, actuel ministre des Affaires étrangères, devrait arriver en tête et devenir chancelier de l’Autriche.
Les racines du FPO plantées dans les cendres du nazisme
Le candidat, jeune mais non novice (il participe à des gouvernements depuis sept ans) devra trouver un allié pour gouverner. Il le trouvera dans le FPO, "parti de la liberté", parti d’extrême droite, dont les racines sont plantées directement dans les cendres du nazisme. Dès lors, des voix politiques tentent de s’élever pour faire barrage au FPO. C’est le cas des Verts, par exemple, qui délaissent leurs thèmes de prédilection pour mener le combat contre l’extrême droite.
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De retour aux manettes en Autriche, le FPO a bénéficié de l’actualité de ces dernières années, et notamment par l’arrivée de 100 000 migrants, faisant resurgir les arguments de l’extrême droite : peur, coût de l’immigration, défense des valeurs chrétiennes. Ce discours profite à la droite et l’extrême droite puisque si l’on additionne les intentions de vote de la droite classique (33%) et ceux de l’extrême droite (entre 25 et 28%), une réelle majorité se dégage.
L’immigration n’explique pas à elle seule ce succès
L’extrême droite autrichienne ne fait pas peur à tous les Autrichiens, puisque près de 30% envisagent de voter pour elle. L’immigration n’explique cependant pas à elle seule ce nouveau succès : le FPO a déjà connu une heure de gloire en Autriche, il y a 10 ans, lorsque le parti avait participé au gouvernement de Jörg Haider, décédé en 2008 dans un accident. En Europe, une pluie de critique s’était déchaînée contre la formation politique. Le calme semblait être revenu, le FPO se faisant oublier au niveau européen. C’était sans compter sa participation au niveau local à la gestion de villes et de régions dans le cadre de coalition avec la droite et la gauche…
Si l’extrême droite et la droite restent en tête des intentions de vote et sont promises à une victoire, le chancelier sortant, Christian Kern, tente toutefois de faire mentir les sondages. Le social-démocrate, représentant du PSO, n’a pas forcément démérité mais a été éclaboussé dernièrement par des accusations de diffusion de fakes news à l’endroit de son principal opposant et actuel ministre des Affaires étrangères. Depuis cet évènement et la chute brutale de sa popularité, le candidat rame pour remonter la pente et mobiliser ses troupes.
Quelles conséquences en Europe ?
En Autriche, l’opposition devrait se faire entendre, sans toutefois vraiment influer sur le cours de la politique intérieure. Pour les Européens, en revanche, les incidences pourraient être plus importantes. L’Autriche pourrait ainsi quitter le bloc franco-allemand pour rejoindre celui du "Visegrad", composé de la Hongrie, de la Pologne, de la République tchèque, et de la Slovaquie. Autant de pays qui n’adhèrent pas forcément à la vision que l’on se fait plus à l’ouest de l’Europe. Concrètement, les dernières propositions d’Emmanuel Macron pour réformer l’Union devraient avoir un peu plus de mal à passer à l’est de l’Europe.
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