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Deuxième propriétaire foncier du pays, l'église orthodoxe, aux comptes peu clairs, devrait faire un effort de civisme

L'église orthodoxe grecque est à la tête d'un patrimoine de quelque 113.000 hectares d'étendues forestières, de 4.000 hectares de terres agricoles et de 86.000 m2 d'immobilier urbain, selon les chiffres des autorités ecclésiastiques.Sur ce patrimoine, l'église a payé en 2010, 2,5 millions d'impôts. A l'heure de la crise, ces chiffres choquent.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Eglise à Mykonos (AFP/LARY DALE GORDON/TIPS/PHOTONONSTOP)

L'église orthodoxe grecque est à la tête d'un patrimoine de quelque 113.000 hectares d'étendues forestières, de 4.000 hectares de terres agricoles et de 86.000 m2 d'immobilier urbain, selon les chiffres des autorités ecclésiastiques.

Sur ce patrimoine, l'église a payé en 2010, 2,5 millions d'impôts. A l'heure de la crise, ces chiffres choquent.

"C'est une somme ridicule, c'est vrai qu'en Grèce, tout le monde se moque du fisc, mais l'Eglise c'est à la puissance 10", s'emporte le député de gauche Grigoris Psarianos, partisan d'une séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Face au sentiment de favoritisme, qui émerge des médias et des réseaux sociaux, l'église a publié un communiqué dans lequel indique s'acquitter "de ses obligations fiscales légales". Elle affirme que son patrimoine "est en partie inexploitable" (terrains forestiers) et invoque "la décentralisation" de l'institution et sa complexité statutaire pour afficher une évaluation globale. A quoi s'ajoutent les propriétés en propre des paroisses, métropoles et centaines de monastères.

Selon une indiscrétion du quotidien Kathimérini, l'Eglise a affiché en 2008 un bénéfice de 7 millions d'euros pour des revenus de 20 millions. Les estimations sur la valeur de la fortune varient de 700 millions à plus du milliard.

L'annonce que l'Eglise et les monastères grecs et les monastères ne paieront pas la très impopulaire nouvelle taxe immobilière décidée récemment n'a fait que mettre de l'huile sur le feu.

Eglise et Etat, intérêts imbriqués

Il faut dire que l'Eglise a une situation particulière dans l'Etat grec. Ainsi la Constitution est écrite "au nom de la Trinité sainte consubstantielle et indivisible". Les quelque 10.000 popes et 82 évêques -payés comme fonctionnaires par l'Etat (pour un coût de 220 millions d'euros en 2011)- sont des relais d'opinion. Le rôle politique de l'Eglise "est étroitement lié à son rôle politique entretenant une confusion entre les fidèles et les citoyens", explique Polikarpos Karamouzis, professeur de sociologie religieuse. Ce qu'exploitent les politiciens à la recherche de votes.

A plusieurs reprises les partis politiques ont voté des exemptions de taxes. Ainsi en 2010 les socialistes ont aboli la taxe de 35% sur le denier du culte. L'époque était prospère, "nous pensions que l'Etat pouvait alléger nos charges, au vu de l'ampleur de notre oeuvre philanthropique", commente le père Avramiotis.

Héritière de privilèges datant des époques byzantine et ottomane, l'Eglise se perçoit comme "spoliée", pour avoir dû céder le plus gros de ses biens historiques à l'Etat, à sa fondation au XIXème siècle, puis lors de l'accueil d'un million de réfugiés d'Asie mineure en 1922, rappelle Ioannis Pétrou, professeur à l'université de théologie de Salonique.

L'Eglise met en avant son oeuvre caritative au service des plus défavorisés (100 millions d'euros en 010). Mais cette activité, récente, a connu une mauvaise gestion et a dû changer de nom.

Gestion opaque et difficulté d'apprécier l'étendue des propriétés sont une difficulté supplémentaire pour l'amélioration des finances publiques. "Mais l'absence de contrôle public et de transparence de la part du clergé alimente la méfiance", reconnait Ionnais Petrou, alors qu'une campagne "taxez l'Eglise" se prépare, avec une manifestation prévue la semaine prochaine à Athènes et Salonique.

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