Des fêtes de Pâques très politiques en Ukraine
Les patriarches russe et ukrainien se sont affrontés par discours interposés, samedi soir. La situation reste très instable dans l'Est du pays.
Pâques a une tonalité particulière, cette année, en Ukraine. Les patriarches orthodoxes de Kiev et de Moscou se sont livrés à une guerre des mots à quelques heures de Pâques alors que l'est de l'Ukraine est en proie à une insurrection armée pro-russe, dans la nuit de samedi à dimanche 20 avril.
Dans son message pascal au peuple ukrainien qui "traverse de lourdes épreuves", le patriarche de Kiev, Filaret, a assuré que l'"ennemi" russe était condamné à l'échec et Dieu aiderait "à ressusciter l'Ukraine". "Le pays qui nous avait garanti l'intégrité territoriale a commis une agression. Dieu ne peut pas être du côté du mal, c'est pour cela que l'ennemi du peuple ukrainien est condamné à l'échec", a déclaré le patriarche Filaret.
A Moscou, le patriarche russe, Kirill, a appelé à prier pour que personne ne puisse "détruire la Sainte Russie" en lui enlevant l'Ukraine dont la capitale Kiev est le berceau de l'orthodoxie russe. "Nous devons aujourd'hui prier pour le peuple russe qui vit en Ukraine, pour que le Seigneur fasse la paix sur la terre ukrainienne (...) qu'il mette fin aux desseins de ceux qui veulent détruire la Sainte Russie", a déclaré le patriarche pendant un service religieux dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
A Kiev, les cloches chantent l'hymne ukrainien
Quelques minutes avant minuit, les cloches de la cathédrale Saint-Michel de Kiev se sont mises en branle et ont joué l'hymne ukrainien pour des centaines de personnes réunies pour le service pascal, au moment où le pays semble plus près que jamais de l'éclatement. De toute la capitale ukrainienne, la foule a afflué samedi soir vers le monastère bleu pastel aux bulbes dorés, détruit pendant l'Union soviétique et reconstruit dans les années 1990.
A Slaviansk, dans l'Est du pays, les affrontements entre pro et anti-Kremlin n'ont pas connu de repos pour Pâques. Au moins quatre personnes ont été tuées dans un échange de tirs, dimanche. Selon Russia 24, qui annonce, elle, cinq décès, les affrontements ont eu lieu aux abords d'un barrage tenu par les forces pro-russes. Le ministère russe des Affaires étrangères s'est dit "outré" par cette attaque meurtrière, trois jours après la signature d'un accord. Négociée et signée jeudi soir par l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, la déclaration de Genève appelle notamment au désarmement de "tous les groupes armés illégaux".
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