Des féministes vont larguer des pilules abortives au-dessus de la Pologne grâce à un drone
Pour dénoncer l'interdiction de l'avortement en Pologne, des associations féministes vont livrer par drone des pilules abortives samedi 27 juin à Slubice, ville toute proche de la frontière allemande.
L'avortement est toujours interdit en Pologne, sauf à de rares exceptions (viols, incestes). Et, même en de tels cas, les médecins peuvent refuser de le pratiquer.
Aussi, raconte le site d'information Quartz (en anglais) mercredi 24 juin, quatre associations féministes ont-elles décidé de programmer le vol d'un petit drone chargé de pilules abortives, samedi. L'appareil passera au-dessus du fleuve Oder qui délimite la frontière entre l'Allemagne et la Pologne. Les colis seront reçus par des militants locaux. Comme le drone pèse moins de 5 kg, ne répond pas à un but commercial et reste à portée de vue de celui qui le pilote, il ne contrevient ni à la loi allemande ni à la loi polonaise.
Objectif : sensibiliser à l'absence d'égalité des droits des femmes en Europe
Le drone ne peut transporter de médicaments que pour deux ou trois femmes. Mais les associations féministes à la manœuvre veulent surtout sensibiliser à l'absence d'égalité des droits des femmes en Europe. L'une d'elles, Women on Waves, a affrété des bateaux sur lesquels sont pratiqués des avortements, dans les eaux internationales à proximité des pays où l'interruption volontaire de grossesse est interdite, y compris la Pologne.
La Pologne, l'Irlande et Malte sont les trois pays qui criminalisent encore l'avortement en Europe. Amnesty International, comme le rapporte France Info, a demandé mardi 9 juin à Dublin de "modifier la législation sur l'avortement, qu'elle accuse de bafouer les droits des femmes, et de mettre en péril leur santé, en créant un climat de terreur autour de ce sujet, très controversé dans ce pays très catholique".
Les avortements clandestins tuent des dizaines de milliers de femmes
Les associations qui vont lancer leur drone avec des pilules au-dessus de la frontière germano-polonaise le 27 juin comptent aussi attirer l'attention sur les conséquences néfastes de ces lois restrictives. Les femmes qui y sont soumises recourent tout de même à l'avortement, soit en se rendant à l'étranger, soit en achetant les pilules abortives sur internet, soit en recourant aux avortements clandestins, avec les conséquences que l'on sait.
L'Institut Guttmacher, une ONG qui défend le droit à la contraception et à l'avortement, a calculé que, en 2008, 47 000 femmes étaient mortes dans le monde à la suite d'un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions. Le journal britannique The Independent affirme que 50 000 avortements clandestins sont pratiqués en Europe chaque année. Prochain objectif du "drone pour avorter", rapporte-t-il également : l'Irlande.
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