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Budapest : «Marche des salopes» contre un clip jugé sexiste

Quelques centaines de femmes ont défilé le 30 novembre 2014 dans Budapest, à l'appel d'un collectif «Marche des salopes» pour protester contre une vidéo de prévention du viol réalisée par la police. Problème, de nombreuses femmes ont estimé que ce clip culpabilisaient les femmes.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Manifestation à Budapest contre un clip de la police qui fait polémique car il met en cause la responsabilité des femmes dans le viol. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

«Au centre de Budapest, où s’est installé le marché de Noël, il y a plus de touristes que de manifestants. Mais ils étaient tout de même 300 à protester contre la vidéo de prévention contre le viol, diffusée par la police hongroise», rapporte la correspondante de RFI en Hongrie. Par ailleurs, plus de 5000 personnes ont signé une pétition contre ce clip.

«Ce clip dit que c'est de votre faute si vous vous faites violer, alors que dans sept cas sur dix, l'agresseur est une connaissance de la victime», s'exaspère Anna Gombos, une comptable de 31 ans à l'origine de la manifestation de Budapest.

Il faut dire que le scénario du clip semble effectivement faire porter aux victimes la responsabilité du viol. 

Le script: trois fêtardes, habillées de façon voyante, rient, dansent et boivent sans retenue en boîte de nuit. Plus tard, on retrouve l'une d'entre elles, le visage défait. Elle a subi une agression sexuelle. Le film s'achève. Par un conseil: «Tu y es pour quelque chose, tu peux faire quelque chose pour éviter cela.»


«Face aux critiques, la police s'est sentie contrainte de se justifier: "Nos expériences montrent que la métacommunication féminine (comprendre le langage corporel) joue un rôle important dans la prévention. C'est souvent la coquetterie des jeunes femmes qui déclenche la violence"», rapporte Le Monde...

Une société machiste 
Le clip de la police met en lumière les travers d'une société souvent jugée comme machiste. Seul un viol sur dix fait l'objet d'une plainte dans ce pays d'Europe centrale, et les féministes locales pensent que l'attitude de la police y est pour quelque chose. 

Mais si le film de la police a suscité autant de débats, c'est parce que beaucoup y voient le symptôme plus général d'un regain du machisme en Hongrie sous la houlette du dirigeant conservateur Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010.
 
Avec seulement 10% de femmes parmi les députés, le pays est bon dernier dans l'Union européenne pour la représentation parlementaire des femmes, et se classe au 125e rang mondial. Plus rare encore, le gouvernement hongrois ne compte aucune femme.

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