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Bruxelles : "De voir l’armée dans les rues, c’est encore plus inquiétant"

La ville de Bruxelles est en état d’alerte maximale depuis samedi matin. Les autorités belges évoquent une menace terroriste imminente. Aucun métro ne circule dans la capitale belge, où il est même recommandé d’éviter les lieux fréquentés. Une semaine après les attentats de Paris, comment les Bruxellois vivent-ils avec cette menace ? France info leur a posé la question.
Article rédigé par franceinfo
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  (Des véhicules blindés dans le centre de Bruxelles  samedi 21 novembre © REUTERS/Youssef Boudlal)

La menace est sérieuse et imminente, disent les autorités belges qui ont donc pris des mesures en conséquence ce samedi. Le niveau d’alerte terroriste a été relevé au maximum à Bruxelles. Il y a un risque d’attentat avec des armes et des explosifs, a mis en garde le Premier ministre belge ce matin. Des renforts militaires sont déployés dans les rues de la ville, le métro est à l’arrêt et de nombreux magasins ont fermé ce midi.

Drôle d'ambiance dans les rues de la capitale belge depuis samedi matin. A Bruxelles, le reportage de Quentin Dickinson
Samedi soir, festivals, concerts, matchs de foot sont annules. Le reportage de Laxmi Lota

Aurélien tient une pâtisserie à Bruxelles. Il a décidé de fermer sa boutique. "Avec les collègues on s’est appelé, on est tous venus et au final on pense que c’est un peu trop risqué, donc on ferme. C’est un peu inquiétant, toutes les forces de l’ordre, il y en a vraiment beaucoup. Ils (les soldats et policiers) patrouillent armés, ils sont en groupe, ils sont au moins quatre à chaque fois. Il y a même de gros camions militaires, des véhicules blindés avec la mitraillette au-dessus. A la gare centrale, il y en avait une dizaine comme ça. De voir l’armée dans les rues, c’est encore plus inquiétant ", témoigne Aurélien.

Pour Aurélien, "c’est mieux de rester chez soi et d’éviter d’aller dans le centre même s’il y a l’armée". Il répond à Cécilia Arbona

L’armée dans les rues, et peu de passants, puisque les grands événements sont annulés, comme le concert de Johnny Halliday qui était prévu ce soir ou encore les matchs de foot. De grandes enseignes, comme City2, le deuxième plus grand centre commercial de Belgique, ont aussi baissé le rideau. "C’est vrai que j’ai remarqué la présence de militaires à des endroits où d’habitude il n’y en a pas, devant des magasins ou devant des lieux publics. Ça renforce un sentiment d’insécurité ici ", raconte Sergio Fernandès, un Français qui vit à Bruxelles et travaille dans le quartier européen de la ville.

Sergio Fernandès a appris ce matin la fermeture du cente commercial City2. Il répond à Cécilia Arbona

Pour Audrey, qui tient une boulangerie/salon de thé dans la capitale belge,la situation est inédite. "Le quartier est éteint, les métros sont fermés, il y a beaucoup plus de contrôles. C’est la première fois que je vois ça. C’est surtout dans le centre-ville qu’on voit la police et l’armée, ce qui est très rare à Bruxelles. Ils (les autorités) disent que c’est une alerte et que c’est plus de la prévention. Les gens en parlent quand même beaucoup, on sent qu’il y a une inquiétude du fait de voir l’armée, la police, les rues un peu vides ", explique-t-elle.

Audrey se sent "un peu perdue" face à cette situation inédite. Elle l'explique à Cécilia Arbona

Ce contexte assomme  bien-sûr une grande partie de la population. Pour autant, dans les milieux culturels, des voix s'élèvent pour résister à ce climat. C'est le cas de l'acteur Charlie Dupont, notamment rendu célèbre en France pour son rôle dans la série "Hard". Il invite ses compatriotes à continuer à vivre, tout en faisant confiance aux autorités pour gérer ces moments difficiles. "Tout le monde a envie de dire, comme à Paris, que puisque la situation est grave et que la tentative de nous faire peur vient de l'ennemi, il faut résister et faire montre de la légèreté la plus flamboyante ", dit-il. "Il n'empêche qu'on a des enfants et qu'on n'est pas non plus complètement tête brûlée et il faut entendre qu'il y a une menace ", poursuit l'acteur. 

"Evidemment il ne faut pas céder à la peur. On n'a pas dit notre dernier mot" - Charlie Dupont au micro France Info d'Edouard du Penhoät

Une nouvelle réunion des autorités aura lieu demain dimanche à Bruxelles pour réévaluer ces mesures de sécurité. 

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