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Brexit or not Brexit : France Info au cœur du suspense

France Info, depuis Londres, vous emmène au cœur du dilemme britannique à l'heure du choix sur la place du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Les résultats du référendum seront connus dans la nuit de jeudi à vendredi.
Article rédigé par franceinfo
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  (Les bureaux de vote pour le référendum ont ouvert à 8h (heure de Paris) © Reuters / Neil Hall)

Près de 46,5 millions d'électeurs britanniques sont appelés aux urnes ce jeudi afin de se prononcer pour ou contre le maintien de leur pays dans l'Union européenne. Le résultat du référendum est indécis. Sur quels arguments s'appuient les pro et les anti Brexit, ceux du 'Remain' et du 'Leave' ? Quels enjeux ? Quelles conséquences pour l'économie, la vie quotidienne, la politique européenne ? France Info vous emmène au cœur des choix proposés aux Britanniques.

■ La campagne jusqu'au bout 

Particularité au Royaume-Uni, la campagne continue même le jour du vote. Les militants sont mobilisés sur le terrain, pour du tractage, du porte à porte...

le reportage d'Isabelle Labeyrie

■ Une sortie du Royaume-Uni serait un choc pour l'Europe

Dominic Grieve est membre du Parlement britannique, ancien minsitre, il préside aujourd'hui la commission parlementaire sur la sécurité et le renseignement. 

"Pour moi c'est Remain. Je pense que ce serait très mauvais pour notre économie de quitter l'Europe. Mais ce référendum a permis une manifestation de colère, que les politiques doivent entendre." 

Dominic Grieve, parlementaire britannique

■ Quels changements à la frontière en cas de Brexit ?

A Douvres (Angleterre) ou Calais (France), la perspective d'un Brexit ne suscite pas la même réaction.

Dans la jungle de Calais, certains migrants s'intéressent à ce référendum outre-Manche. 

Le Brexit vu de Calais, Jérôme Jadot
A Douvres, théâtre de plusieurs manifestations d'extrême-droite ces derniers mois, les habitants craignent une arrivée massive de migrants, si les contrôles aux frontières quittaient Calais. Sonia a grandi et travaillé à Douvres, aujourd'hui à la retraite, elle explique que Douvres ne peut pas accueillir de nouveaux migrants : "c'est difficile ici, il n'y a rien pour eux, notre hôpital ne peut prendre en charge autant de personnes. Par endroit, ils occupent  cinq immeubles sur six. C'était joli avant, aujourd'hui c'est un quartier d'immigrés". 

L'ONG Global Justice Now tente de recréer un dialogue : " la raison pour laquelle on a tant de problèmes dans notre service public, la santé ou l'éducation, c'est à cause des coupes budgétaires et de l'austérité. En rendre les migrants responsables, c'est stupide. L'immigration est à des niveaux gérables ici, mais le problème que ce sentiment anti-immigrés s'étend à travers toute la classe politique.

■ Les électeurs se pressent pour voter  

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h et fermeront à 23h. Le Royaume-Uni pourrait devenir le premier pays à choisir de quitter l'Union Européenne après 60 ans de construction. A Londres, on est plutôt Europhile. 

Reportage à Londres de Solenn Le Hen

■ L'immigration au centre de la campagne du référendum 

L'immigration a été l'argument principale de ceux qui se prononcent pour le Brexit. Antoine Giniaux s'est rendu à la sortie d'un bureau vote. Dans la banlieue de Birmingham peuplé à 95% de musulmans. 

David et sa femme veulent quitter l'Europe

■ L'état des lieux avec l'ex-journaliste Quentin Peel

Cet ancien rédacteur en chef des pages internationales du Financial Times pose un regard de spécialiste sur la campagne et ses enjeux. "Il y a beaucoup d'inquiétude" explique-t-il, notamment dans le périmètre "des marchés financiers" .   

L’économie, c’est l’un des enjeux majeurs du référendum du jour. Un Brexit serait-il un coup d’accélérateur, ou au contraire un coup de frein ? Beaucoup de grands patrons se sont positionnés pour le maintien dans l'Union européenne, mais le milieu des PME est beaucoup plus partagé. Toutefois, chez celles qui exportent, on est plutôt très europhile. Visite argumentée dans les deux camps. 

■ Port Glasgow où un patron préfère l'indépendance

A Port Glasgow en Ecosse, le patron de White House Products, une PME de 22 salariés, grossiste en matériel hydraulique préfère partir, même s'il commerce beaucoup avec l'Union européenne. Un Brexit ne lui fait pas peur. "Calais va en place mettre un pont-levis et dire' non, rien de Grande-Bretagne' ?  Et nous, on va dire, 'on ne veut rien de France' ?" Ce chef d'entreprise assure que le commerce continuera et même se développer.   

En Ecosse, un chef d'entreprise expose ses arguments en faveur de l'indépendance et du Brexit : un reportage de Jérôme Jadot

■ Ashford, là où l'Europe n'est pas l'ennemie

Dans le Kent, à la pointe sud de l'Angleterre, une fonderie fabrique des pièces en métal pour l’industrie depuis trois générations. 80% de la production est exportée en Europe du nord. Le dirigeant de la fonderie, Tim Allen, est inquiet d'un éventuel Brexit. "Il pourrait y avoir de nouvelles taxes sur les salaires, le retour des barrières douanières, de la paperasse supplémentaire : tout ça ralentirait la circulation à travers l’Europe. C’est ce que je veux éviter pour rester compétitif."

Les 250 salariés du groupe ne sont pas tous aussi enthousiastes. Martin, l’ingénieur qualité, est hésitant : "Je comprends le point de vue de l’entreprise mais il ne faut pas regarder que le business. Il y a aussi la question des frontières, de l’immigration, tout ce qu’on reçoit de l’europe, tout ce qu’on lui donne, il y a plein de choses à mettre dans la balance".

Le reportage d'Isabelle Labeyrie à Ashford dans une entreprise au patron europhile
■ Nottingham : ville divisée

Au cœur de l'Angleterre, Nottingham : la 7e ville du pays, 300.000 habitants et une population en croissance, une ville universitaire et industrielle. Nottingham n'est ni anti-Europe, ni profondément européenne.

Les partisans du Brexit visent "les technocrates de Bruxelles" et Bruxelles qui gouverne depuis trop longtemps". Une étudiante, europhile, rentre de Vienne et ne veut pas d'"un visa pour voyager". Elle ajoute que "vouloir sortir de l'Europe, c'est nul" en ajoutant "l'avenir, c'est nous quand même !"

Le reportage d'Isabelle Labeyrie à Nottingham, ville divisée à l'heure du référendum

■ Brighouse : quand un retraité fait campagne pour le "Leave"

Dans le nord de l'Angleterre, un retraité montre qu'il est impatient de quitter le Vieux continent. Sur la porte de la maison d'Hadrian, un drapeau est placardé pour annoncer le "23 juin, independance day".

Cet ancien ingénieur, 73 ans, a pris fait et cause pour le Brexit sans être un militant politique. En 1975, il avait pourtant voté en faveur de la Communauté économique européenne (CEE). Aujourd'hui, il regrette, au-delà du commerce, l'apport "de législateurs, d'un parlement" . "C'est devenu fédéral, on n'a pas besoin de gens qui nous disent ce que l'on doit faire"

Le Brexit voulu par un retraité de Brighouse : un reportage de Jérôme Jadot

■ Brexit : en Ecosse, un référendum pourrait en cacher un autre

L'Ecosse vote ce jeudi, comme le reste du Royaume-Uni, pour ou contre le maintien dans l'Union européenne. Avec, en arrière-pensée, l'éternelle question de l'indépendance écossaise. Les leaders indépendantistes europhiles évoquent déjà un nouveau référendum d’autodétermination en cas de Brexit.

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