On vous résume le "pipigate", le scandale qui éclabousse le ministre de la Justice belge

Alors que trois de ses invités à sa fête d'anniversaire ont uriné sur un fourgon de police, Vincent Van Quickenborne a été contraint de présenter des excuses à la police lors d'une audition extraordinaire devant des députés.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre de la Justice de Belgique, Vincent Van Quickenborne, le 15 juin 2023 photographié lors d'une séance plénière de la Chambre au Parlement fédéral à Bruxelles. (JAMES ARTHUR GEKIERE / BELGA MAG / AFP)

C'est un scandale baptisé "pipigate" par les médias belges. La Belgique est agitée par une polémique autour du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, depuis que des images ont révélé que trois invités à sa fête d'anniversaire ont uriné sur un fourgon de police stationné devant son domicile. A tel point qu'il a été contraint, jeudi 7 septembre, de s'expliquer devant le Parlement et de présenter des excuses. Franceinfo résume ce que l'on sait de cette affaire, qui a déclenché une tempête dans un verre d'eau.

Trois invités urinent sur un fourgon

Les faits se sont produits dans la nuit du 14 au 15 août, alors que le ministre de la Justice belge, Vincent Van Quickenborne, fêtait ses 50 ans à son domicile, situé à Courtrai. Le scandale éclate huit jours tard, lorsque plusieurs médias flamands révèlent avoir vu des images de trois invités en train d'uriner sur un fourgon de police (qui était vide). Le véhicule était stationné devant la maison du ministre pour veiller à sa sécurité. Vincent Van Quickenborne fait en effet "l'objet d'une protection policière en raison de menaces de mort qui pèsent sur lui", précise la RTBF. Le site d'information de l'audiovisuel public belge francophone ajoute que "le trio a été filmé par une caméra installée dans la rue, une autre mesure de sécurité pour protéger le ministre".

Le ministre affirme n'avoir rien vu

Dans la foulée des révélations des médias belges, la police porte plainte et le parquet de Courtrai ouvre une enquête pour "outrage" – ce dernier doit rendre ses conclusions à la fin du mois. L'un des trois hommes se rend à la police rapidement, selon le journal flamand Het Nieuwsblad. De son côté, le cabinet du ministre de la Justice assure que celui-ci n'a pas été témoin des faits et dit ignorer tout de ces agissements. Mais l'affaire met en difficulté Vincent Van Quickenborne : plusieurs syndicats de police réclament sa démission. Le Premier ministre, Alexander De Croo, qui a fait un bref passage à la fête d'anniversaire, assure "ne rien avoir vu non plus".

Sa version est mise en doute

Mais en début de semaine, la chaîne publique flamande VRT met en doute la version de Vincent Van Quickenborne, sur la base d'autres images auxquelles elle a eu accès. "Des témoignages parus dans la presse flamande ont laissé croire que le ministre avait assisté aux séquences urinaires (...) et qu'il cautionnait l'attitude", souligne le quotidien DH.

Le ministre de la Justice décide alors de montrer à une autre chaîne ses propres images, qui proviennent de caméras fixées sur sa maison. On le voit visiblement éméché en train de raccompagner son dernier invité sur le pas de la porte à 4 heures du matin. Puis il s'incline en arrière comme pour mimer le geste de quelqu'un qui urine, au côté de son ami qui semble hilare.

"Certains en déduisent que je copie ce que certains ont fait sept heures avant", se défend-il face à des journalistes mardi. Et d'ajouter :

"Je suis très clair, je ne savais pas ce qu'il s'était passé."

Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice belge

devant la presse

Il doit s'expliquer devant les députés

Après ces déclarations publiques, la présidente nationaliste de la commission dédiée à la justice demande à ce que le ministre s'explique devant les députés. Cette audition, extraordinaire, dure trois heures, au cours desquelles Vincent Van Quickenborne montre les images qu'il possède de son côté. Il assure ne pas se souvenir de la signification de son geste, mais qu'on ne pouvait en déduire aucun lien avec les agissements des trois suspects.

"Je joue de la guitare sèche, c'est peut-être un mouvement de guitare", se justifie-t-il devant les parlementaires. Il affirme aussi que son dernier invité, un de ses meilleurs amis, n'avait "rien à voir avec les incidents" qui ont marqué la fête de ses 50 ans.

Vincent Van Quickenborne jure enfin qu'il a fait avancer l'enquête en demandant aux trois invités qui ont uriné sur le fourgon de police de se présenter au parquet, qui a pu les auditionner.

"Je les ai appelés et je les ai insultés."

Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice belge

devant les députés

Il soutient encore avoir "demandé à ces gens de se faire connaître [auprès des enquêteurs]. S'ils ne l'avaient pas fait, je n'aurais pas hésité à transmettre leurs noms."

Le ministre est contraint de s'excuser

"Je voudrais m'excuser auprès de tous les agents de police du pays. (...) Je comprends tout à fait que cela les ait indignés. C'est absolument inadmissible", déclare finalement Vincent Van Quickenborne lors de cette audition. Mais rien ne dit que ses excuses calmeront celles et ceux qui réclament sa démission.

Car les relations sont tendues depuis plusieurs mois entre le ministre et les policiers, souligne Isabelle Labeyrie dans sa chronique "Le monde est à nous" sur franceinfo. Le mois dernier, le syndicat NSPV jugeait Vincent Van Quickenborne "indigne d'être ministre de la Justice".

Ce qui pousse l'intéressé à croire que cette polémique du "pipigate" est un coup monté parce qu'il veut mettre un terme au régime de retraite spécial des policiers, qui partent aujourd'hui à 58 ans.

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