Attentat à Bruxelles : ce que l'on sait de l'attaque qui a fait deux morts

Deux Suédois ont été abattus avec une arme automatique dans le centre de la capitale belge lundi soir. Un homme, soupçonné d'être le tireur, est mort dans la matinée de mardi, peu après son interpellation.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La police boucle la zone après qu'un tireur a tué deux ressortissants suédois à Bruxelles, en Belgique, le 16 octobre 2023. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU / AFP)

Trois jours après l'attentat d'Arras qui a endeuillé la France, avec l'assassinat d'un enseignant, la Belgique est frappée à son tour. En marge du match de football Belgique-Suède, deux personnes de nationalité suédoise ont été tuées lundi à Bruxelles par un individu armé qui a pris la fuite en scooter. Un homme, soupçonné d'être le tireur, est mort dans la matinée du mardi 17 octobre, peu après son interpellation, a annoncé à franceinfo le parquet fédéral belge.

Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a dénoncé un "lâche attentat". Il a appelé à l'unité dans "le combat contre le terrorisme". Le parquet fédéral, chargé des dossiers de terrorisme, a été saisi de l'enquête. Le niveau de la menace terroriste a été relevé à quatre, considérée comme "très grave" (niveau maximal) dans la région de Bruxelles. Le mot d'ordre, relayé par le parquet, est "de rester chez soi aussi longtemps que la menace n'est pas éradiquée". Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette attaque. 

Une fusillade près de la place Sainctelette, trois personnes visées

Les faits sont survenus peu après 19 heures près de la place Sainctelette, dans le nord de la capitale belge. Sur plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et dans les médias belges, on voit un homme en veste fluo orange poursuivre une personne dans le hall d'un bâtiment et ouvrir le feu avec une arme automatique. Il s'enfuit ensuite en scooter. "Trois personnes" ont été "visées" par l'attaque, a déclaré en milieu de soirée lors d'un point-presse Eric van Duyse, porte-parole du parquet fédéral belge. Outre les deux personnes tuées, un chauffeur de taxi est désormais "hors de danger", a-t-il précisé.

Selon le directeur de la RTBF, interrogé également sur franceinfo, les victimes étaient porteuses de maillots de supporters de l'équipe nationale suédoise.

Une vidéo de revendication non authentifiée

Une vidéo de revendication de l'attaque, dans laquelle un homme est vêtu d'une même veste fluo orange et s'exprime en arabe, circule sans pour autant avoir été authentifiée. Cet homme assure appartenir au groupe terroriste Etat islamique et revendique avoir tué "trois Suédois". Dans cette vidéo de revendication, "la nationalité suédoise des victimes est évoquée comme motivation probable de l'acte", a commenté Eric Van Duyse.  

La Suède, dont l'image s'était fortement dégradée cet été dans le monde musulman après plusieurs profanations du Coran autorisées sur son sol, avait décidé le 17 août de relever son niveau d'alerte terroriste, estimant que la menace d'attentats "persistera pendant longtemps". En revanche, "à ce stade, aucun élément n'indique un lien potentiel avec la situation israélo-palestinienne", a encore souligné le porte-parole du parquet fédéral belge.

Le suspect est un demandeur d'asile tunisien de 45 ans

Un homme, soupçonné d'être le tueur, est mort peu de temps après son interpellation mardi matin. Si tout laisse à penser qu'il est bien celui dans le viseur des autorités, il faut attendre les analyses scientifiques pour confirmer cette information, précise le parquet belge à franceinfo.

Plus tôt dans la matinée, le ministre de la Justice belge, Vincent Van Quickenborne, a donné plus d'éléments concernant le profil du suspect. Il s'agit d'un "Tunisien de 45 ans qui a demandé l'asile dans notre pays en novembre 2019", a précisé le ministre. "Il était connu des services de police pour des faits suspects : trafic d'être humain, séjour illégal et atteinte à la sûreté de l'Etat", a-t-il ajouté.

"En juillet 2016, des informations non confirmées ont été transmises par un service de police étranger selon lesquelles l'homme avait un profil radicalisé et voulait partir vers une zone de conflit pour le djihad", a-t-il détaillé. Toutefois, "pour autant que connu de nos services, il n'y avait aucune indication concrète de radicalisation", a-t-il nuancé.

En outre, une perquisition "renforcée" a été menée à Schaerbeek, dans l'agglomération de Bruxelles, avenue Huart-Hamoir, "adresse à laquelle le suspect aurait séjourné", a précisé le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw, lors de cette conférence de presse. C'est à cet endroit que l'interpellation a eu lieu, mardi, a précisé un pote-parole du parquet fédéral, Eric Van Duyse. Par ailleurs, "un juge d'instruction bruxellois spécialisé en terrorisme a été désigné".

Des dizaines de milliers de supporters confinés dans le stade Roi-Baudouin

Un match de football entre la Belgique et la Suède se déroulait lundi soir à Bruxelles, au stade Roi-Baudouin, dans le cadre des qualifications pour l'Euro 2024. Il a été interrompu à la mi-temps, vers 21h30, avant d'être définitivement arrêté. "Je suis terriblement triste. Nous étions d'accord à 100% pour ne pas jouer la seconde période en raison des conditions et par respect pour les victimes et leurs familles", a expliqué le sélectionneur de l'équipe de Suède, Janne Andersson, cité par l'agence suédoise TT.

Les autorités ont confiné les 35 000 supporters dans le stade, le temps de pouvoir les évacuer en toute sécurité, a précisé le centre de crise belge. Les supporters des deux équipes ont scandé "Sweden ! Sweden !" ("Suède", en anglais), rapporte LN24, une chaîne TV belge. L'évacuation a débuté lentement peu avant minuit.

Après cet attentat, la sécurité sera renforcée mardi au stade Pierre-Mauroy de Lille, lors du match amical entre la France et l'Ecosse, a appris franceinfo auprès des autorités françaises.

Les contrôles renforcés à la frontière franco-belge 

Dans la soirée de lundi, Gérald Darmanin a donné pour instruction que les contrôles à la frontière avec la Belgique soient renforcés. Dès vendredi, le gouvernement français a activé le niveau urgence attentat du dispositif Vigipirate, le plus élevé, à la suite de l'assassinat d'un professeur par un ancien élève radicalisé, dans un lycée d'Arras.

La classe politique française et européenne exprime sa solidarité

Les réactions politiques à cet attentat sont nombreuses. La présidente de la Commission européenne a dénoncé un "abject attentat". "Je suis de tout cœur ce soir avec les familles des deux victimes de l'abject attentat qui a eu lieu à Bruxelles", a réagi Ursula von der Leyen sur X. Pour le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, "le cœur de l’Europe est frappé par la violence". Le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billström, s'est dit pour sa part dit "dévasté".

En déplacement à Tirana, la capitale de l'Albanie, le président de la République, Emmanuel Macron, a pour sa part estimé que l'Europe était "bousculée", en évoquant l'"attaque terroriste islamiste" qui a frappé Bruxelles.

Un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique

"Un combattant de l'Etat islamique a mené une attaque contre des ressortissants suédois lundi", a déclaré l'Etat islamique dans un communiqué publié sur Amaq, l'organe de presse de l'organisation. 

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