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Belgique: Albert II abdique, quel défi pour son fils Philippe ?

Le 21 juillet, alors qu’Albert II abdique en faveur de son fils, le nouveau roi Philippe devra travailler à maintenir la cohésion de son pays. En Belgique, la monarchie est un garde-fou à l’instabilité politique, comme ce fut le cas après les crises de 2007 et 2010.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Bruxelles, le 15 juillet 2013: le roi Albert II de Belgique et le prince héritier Philippe de Belgique, lors d'une réception au château royal de Laeken.  (BELGA PHOTO/ERIC LALMAND)

L’annonce de l’abdication d’Albert II a relancé le débat sur la place et le rôle de la monarchie parlementaire, constitutionnelle, démocratique et fédérale. Le roi règne, mais ne gouverne pas: il est le chef de l'Etat, le chef du gouvernement étant le Premier ministre.
 
Sa position est toutefois singulière: officiellement, il est le seul Belge à n'être ni flamand ni wallon, ni de gauche ni de droite. Ce statut lui confère un rôle d'arbitre.
 
Lors des crises politiques qui ont éclaté après les élections de 2007 et de 2010, Albert II a pu désamorcer les tensions entre partis francophones et néerlandophones. Ces derniers ont été incapables de former un  gouvernement pendant de longs mois.

Les élections en 2014 créent une inquiétude
La nouvelle de son départ a pris de court la plupart des responsables politiques belges. Ces derniers avaient espéré qu'il serait encore en fonction après les législatives de mai 2014, en raison d’une nouvelle poussée des indépendantistes flamands de la N-VA.
 
Pour autant, le politologue Dave Sinardet estime que «le roi ne peut pas vraiment s'opposer à la volonté des partis. Il leur sert un peu de paravent, pour qu'ils puissent négocier en coulisses. Et parfois, ils l'instrumentalisent. La Belgique ne tient pas, ni ne tombe pas, en fonction du roi.»

 
Les défenseurs de l'unité du royaume, qui voient en l'action du roi un gage de stabilité pour le pays, aimeraient que Philippe poursuive cette voie. L'ancien Premier ministre belge et actuel président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, est de ceux-là. «A certains moments, le monde politique est complètement bloqué. Le roi Albert a montré qu'il n'abandonnerait jamais la volonté d'avoir un gouvernement. Ce qui a été capital. Et le pays n'a pas explosé.», a-t-il expliqué avant d’ajouter: Philippe «a la prudence requise. La situation ne sera peut-être pas facile à gérer, mais je lui fais toute confiance.»
 
A Philippe de prendre le relais
Le politologue Jean Faniel estime quant à lui que «c'est effectivement sur la formation des gouvernements que Philippe sera le plus attendu au tournant, et il va essayer de ne pas prêter le flanc à la critique, notamment en Flandre. Mais il ne pourra de toute façon pas mettre  autour de la table des partis qui ne le veulent pas.»
 
Signe précurseur de cette volonté: En 2004, le prince Philippe avait déclaré: «Certains partis comme le Vlaams Belang (parti d'extrême droite et séparatiste flamand, NDLR) veulent déchirer notre pays. Ils auront affaire à moi, je peux être coriace, je ne me laisserai pas marcher sur les pieds.»
 
Une déclaration qui avait déclenché une polémique en Flandre et lui avait même valu un rappel à l’ordre du Premier ministre de l'époque, Guy Verhofstadt.

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