Bactérie Eceh : le concombre espagnol est innocent
Mis à jour à 21h10
C’est l'une des rares choses dont les scientifiques allemands sont sûrs : les concombres espagnols ne sont pas à l’origine de la contamination à la bactérie E.coli entero-hémorragique (Eceh) qui a fait 16 morts et plus de 1500 malades en Europe ces dernières semaines. Deux légumes ibériques testés à Hambourg étaient bien porteurs de la bactérie, mais pas de la souche mortelle. "Ce n'est plus une question de traçabilité. Il faut demander aux gens ce qu'ils ont mangé. Nous sommes confrontés à une crise grave et il faut identifier rapidement la source de la contamination ", explique le commissaire européen en charge de la santé John Dalli, tout en reconnaissant que l’identification ne sera "pas facile ". Seule certitude : la transmission de la bactérie à l’homme se fait par la consommation de légumes crus. Mais impossible de savoir lequel, son origine ou à quel moment du cycle de production est intervenue la contamination.
En clair, les recherches reprennent à zéro et le nombre de victimes de la bactérie continue d’augmenter. Une femme de 84 ans est morte mercredi dans le nord de l’Allemagne, portant à 17 le nombre de victimes de la bactérie Eceh. Par ailleurs l’Organisation mondiale de la santé signale des cas de contamination dans neuf autres pays européens.
Conséquence, principe de précaution oblige, Paris a annoncé la mise en place d’une cellule de crise. Elle regroupe "l'Institut de veille sanitaire, la direction générale de la santé et la direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes", selon François Baroin, le porte-parole du gouvernement. Pour le moment, trois cas suspects sont toujours sous surveillance dans les hôpitaux français.
Ce soir, la Commission européenne a annoncé avoir levé la mise en garde lancée contre les concombres bio espagnols.
Tous les états membres ont été informés de cette décision.
_ Pour la Commission européenne, “les derniers tests menés en Espagne et en Allemagne sur des concombres produits en Espagne n'ont pas décelé la présence de la souche 0104 de la bactérie E.Coli.”
Une "psychose dévastatrice pour la santé et pour l'économie"
En attendant de trouver l’origine de l’épidémie, les légumes ibériques ont été soupçonnés à tort par les autorités sanitaires allemandes de Hambourg pendant plusieurs jours entraînant une chute vertigineuse de la consommation de légumes un peu partout en Europe.
L'Espagne, premier producteur européen de fruits et légumes, est très remonté contre Berlin et menace de mener une action en justice. Il faut dire que les pertes sont évaluées à 200 millions d’euros par semaine par la Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Fepex).
Et l’Espagne n’est pas le seul concerné par "la peur du concombre" . Les producteurs néerlandais estiment perdre 10 millions d’euros par semaine, 3,5 millions pour les Belges. En Italie, le syndicat agricole Coldiretti évoque une "psychose qui risque d'être dévastatrice pour la santé et pour l'économie".
La France n’est pas épargnée. "Il y a clairement une panique sur le concombre" , confirme Pierre Diot, représentant des producteurs de tomates et concombres français. Les ventes de ce légume ont chuté de 80% en quelques jours, le cours de la tomate de 20%.
De son côté, Bruxelles espère "rétablir la confiance" des consommateurs grâce à "une information correcte" et promet d'étudier les moyens de venir en aide aux producteurs tout en prévenant que ses marges de manœuvres étaient limitées. Une possibilité consisterait à demander aux organisations de producteurs de fruits et légumes de racheter à prix fixes une partie de la récolte de leurs membres quand ceux-ci n'arrivent pas à la vendre ou que les prix tombent trop bas sur le marché. Des rachats subventionnés par l'Union européenne, mais soumis à des plafonds qui pourraient être relevés. Toutefois, seulement un tiers environ des producteurs sont membres de telles organisations. Pour les autres, la Commission planche sur des aides publiques classiques.
Antoine Krempf, avec agences
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