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Ex-gardien de camp nazi condamné : "Un matériel historique pour les futures générations", estime Serge Klarsfeld

Le tribunal de Hambourg a condamné jeudi à deux ans de prison avec sursis un ancien garde de camp de concentration de 93 ans pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés entre 1944 et 1945 à Stutthof en Pologne, alors occupée par l'Allemagne nazie.

Article rédigé par franceinfo
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Serge Klarsfeld, président-fondateur de l'Association des fils et filles des déportés juifs de France. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"C'est une condamnation de principe", a réagi jeudi 23 juillet sur franceinfo l'historien et avocat Serge Klarsfeld, président-fondateur de l'Association des fils et filles des déportés juifs de France, après la condamnation à deux ans de prison avec sursis d'un ancien garde de camp de concentration de 93 ans pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés entre 1944 et 1945 à Stutthof en Pologne. Un verdict "exceptionnel", estime l'avocat. "C'est la première fois dans l'histoire du monde qu'on peut encore juger les gens 76 ans après les faits."

Pour Serge Klarsfeld, "ce qui est très positif, c'est que l'Allemagne veut encore juger le crime nazi. Mais elle n'a en face d'elle que des inculpés qui sont très âgés aujourd'hui". L'accusé, Bruno Dey, avait moins de 18 ans "quand il était gardien dans un camp d'extermination", souligne Serge Klarsfeld. "Et aux postes subalternes qu'il occupait, il n'y a plus aucun témoin. Il n'y a aucun document qui serait en mesure d'établir son implication personnelle. Donc cette dernière étape du jugement des criminels nazis, à la fois on juge, à la fois on condamne. Mais on condamne à des peines qui sont des peines de principe qui peuvent sembler ridicules mais qui ne le sont pas."

"L'opinion publique veut que l'on juge les criminels jusqu'à leur dernier souffle"

L'historien souligne que les Allemands "se sont rendus compte de l'immensité du crime qui avait été commis au nom du peuple allemand. L'opinion publique veut que l'on juge les criminels ou supposés criminels jusqu'à leur dernier souffle. Nous arrivons pratiquement au dernier souffle". Serge Klarsfeld suppose que "les magistrats allemands, au contraire des procureurs et au contraire des avocats des parties civiles, souhaitent mettre un point final à cette dernière étape des jugements".

La condamnation a donc "un sens" car cela manifeste "la volonté de l'Allemagne" de juger les anciens nazis ou criminels de guerre, "et donc de juger à travers eux le crime nazi". Il insiste sur le fait que ce procès "aide à documenter ce qui a été le sort, par exemple, des internés dans le camp du Tutto, qui était un grand camp. Donc, il y a un matériel historique qui reste encore pour les futures générations, qui ne serait pas sorti sans ce procès".

Il reste "quelques dizaines de criminels" nazis

"Parmi ceux qui ont agi à cette époque, il reste encore certainement tous ceux qui ont plus de 95 ans et qui étaient impliqués comme gardien ou comme membre des commandos spéciaux d'extermination", précise Serge Klarsfeld. Mais selon lui, "ils ne sont pas cachés. Ils sont assurés de ne pas aller en prison en raison de leur grand âge". Il imagine qu'il reste "certainement quelques dizaines de criminels qui mourront en paix ou pas en paix, avec leur conscience. Mais ça, c'est une question que l'on ne peut pas traiter. Je ne suis pas compétent pour savoir ce qui se passe dans leur tête", ajoute l'historien.

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