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Allemagne : deux ans de prison avec sursis pour un ex-gardien de camp nazi

Bruno Dey, 93 ans, était jugé pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés à Stutthof en Pologne entre 1944 et 1945.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Bruno Dey, un ancien gardien SS du camp de concentration de Stutthof (Pologne), arrive à son procès le 23 juillet 2020, à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne. (DANIEL BOCKWOLDT / AFP)

Le parquet avait réclamé trois ans de prison, la défense un non lieu. Le tribunal de Hambourg, en Allemagne, a condamné à deux ans de prison avec sursis, jeudi 23 juillet, un ancien garde de camp nazi de 93 ans pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés à Stutthof en Pologne entre 1944 et 1945.

L'accusé Bruno Dey "est reconnu coupable de complicité dans 5 232 cas de meurtres et tentatives de meurtres", a déclaré la présidente du tribunal Anne Meier-Göring à l'issue du procès, probablement l'un des derniers portant sur les atrocités commises sous le IIIe Reich.

65 000 personnes sont mortes dans ce camp

"C'était mal. C'était une terrible injustice. Vous n'auriez pas dû participer à Stutthof", a estimé la juge. "Vous vous considérez comme un observateur. Mais vous étiez un soutien de cet enfer créé par des hommes", a-t-elle dit. Le nonagénaire, âgé de 17 à 18 ans au moment des faits, est jugé sur la base de la législation pour mineurs.

Bruno Dey, apparu tout au long des audiences en fauteuil roulant et accompagné de ses proches, a servi entre août 1944 et avril 1945 au camp de concentration de Stutthof, au nord de la Pologne. Au total, quelque 65 000 personnes, essentiellement des Juifs des pays baltes et de Pologne, y sont mortes, abattues d'une balle dans la nuque, gazées au Zyklon B, pendues. Ou bien elles ont succombé au froid, aux épidémies et au travail forcé.

L'accusé, posté sur l'un des miradors le surplombant, avait pour devoir d'empêcher toute révolte ou fuite. Cela fait-il de lui un coupable? Il affirme que non. Jamais il n'a "directement fait de mal à quelqu'un". Jamais il ne s'est "porté volontaire pour entrer dans les SS ou servir dans un camp de la mort", mais n'a pas eu d'autre choix que d'accepter son affectation, a-t-il assuré pendant le procès.

"Il faut veiller à la dignité humaine à tout prix"

Son avocat, Stefan Waterkamp, avait plaidé la clémence, estimant difficile d'attendre qu'un adolescent de 17 ans puisse se démarquer en demandant son transfert, qui aurait sans doute signifié pour lui être envoyé sur le front est. "Servir dans un camp de concentration n'était à l'époque pas considéré comme un crime", avait aussi avancé l'avocat.

Un argumentaire clairement rejeté par la juge : "En réalité, le message de ce procès est le suivant : il faut veiller à la dignité humaine à tout prix. Oui, et aussi si le prix à payer est sa propre sécurité", a-t-elle lancé.

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