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Dans Bruxelles paralysée, "la vie continue"

Après les attentats meurtriers à Bruxelles mardi, les habitants ont été invités à rester chez eux.

Article rédigé par Marthe Ronteix, Carole Bélingard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Des militaires bloquent l'accès à la station de métro de Maalbeek à Bruxelles, le 22 mars 2016. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Des rues commerçantes vides, des militaires déployés, des transports paralysés, ambiance surréaliste dans les rues de Bruxelles, mardi 22 mars, après les attentats qui ont touché la capitale belge. Les explosions à l'aéroport international ont fait au moins 14 morts et 92 blessés, selon un bilan des pompiers non confirmé par les autorités. De son côté, le bourgmestre de Bruxelles fait état d'une "vingtaine de morts" et de 106 blessés dans le métro, à la station Maelbeek.

Mais peu avant 17 heures, le bilan humain restait incertain. Les Bruxellois ont été invités à rester chez eux. Francetv info a demandé à certains d'entre eux de raconter cette journée.

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"Des parents sont très inquiets"

Dans le quartier européen à proximité de la station de Maelbeek, la vie semble s'être arrêtée en début de matinée. La zone a été bouclé. A une rue de la bouche de métro, c'est la stupeur dans le bar La Galia. "On ouvre très tôt et j’allume toujours la télévision, donc on a appris très vite pour les attentats. Les gens étaient un peu abasourdis. J’ai même des clients qui ont téléphoné pour savoir si tout allait bien. Cet après-midi, il n’y a plus grand monde. Le périmètre de sécurité s’arrête à l’une des portes du café", explique à francetv info la gérante, jointe en début d'après-midi.

Le cœur de Bruxelles tourne également au ralenti. Depuis le début de la matinée, l'hôtel Floris situé sur la Grand-Place ne cesse d'enregistrer des annulations. Dehors, c'est le désert. "Nous sommes dans une rue très passante et là, il n’y a personne. C'est la première fois qu'on voit ça en vingt-cinq ans et on espère ne plus avoir à le revivre", confie le réceptionniste.

A quelques kilomètres de là, le téléphone ne cesse de sonner dans l'école Claire Joie. "On a eu beaucoup d’appels de parents très inquiets, mais comme l’école était complètement fermée jusqu’à midi, ça les a rassurés. On a annulé les sorties à la piscine car les enfants devaient se déplacer à pied, et les récréations se font dans l’école et non dans la cour", détaille une enseignante.

“Il ne faut pas céder à la panique”

Si certains sont plutôt angoissés, d’autres habitants de la capitale belge relativisent. Eric Deguide est le directeur du lycée communal Emile Jacqmain, qui se trouve à 800 mètres du métro Maelbeek. Dans son établissement, aucun mouvement de panique. Le calme et les paroles rassurantes deviennent presque une habitude. Le directeur rappelle qu’un tel niveau d’alerte avait déjà été mis en place après les attentats de Paris le 13 novembre 2015. "Alors on s’y fait presque, constate-t-il. J’ai bien eu deux-trois appels de parents inquiets, mais ils voulaient surtout savoir si leurs enfants étaient bien arrivés à l’école. Donc on a fait un deuxième appel dans les classes pour s’en assurer et maintenant, tout va bien."

A l’hôtel Barry de la place Anneessens, pas question non plus de fermer boutique. Rester ouvert est une forme de résistance face à la terreur. "Tout le monde a des appréhensions, on a des annulations, c’est normal avec tous les transports fermés. Mais il faut passer au-dessus, la vie doit continuer. Il ne faut pas les laisser croire qu’ils ont réussi", explique le gérant.

Une position partagée par le Musée belge de la bande-dessinée, qui prend en compte le désarroi des visiteurs. "Nous restons ouvert car nous estimons qu’il ne faut pas céder à la panique et que la culture doit rester accessible. Les touristes sont un peu perdus dans les rues de Bruxelles, ils sont contents de trouver la porte ouverte." 

“C’est vraiment une drôle de situation, tout est en suspens”

Les dispositifs de sécurité ont été immédiatement mis en place dans les lieux sensibles. Une grande partie des écoles ont été confinées, les autorités ont demandé aux habitants de rester chez eux et les transports en commun ont été suspendus. Alors chacun s’est organisé. A la Haute école Defré, un véritable réseau de solidarité s’est organisé : "On a proposé que l’école reste ouverte parce que beaucoup d’étudiants voulaient que la vie continue. Mais cet après-midi, la plupart d’entre eux sont quand même rentrés. Le directeur de l’école vient de partir avec quatre étudiants qu’il raccompagne chez eux", raconte Graziella Deleuze, assistante à la direction.

Au Palais des Beaux-Arts aussi, on a opté pour le système D. "Tout ceux qui ont pu partir, notamment en covoiturage, sont rentrés chez eux. C’est vraiment une drôle de situation, tout est en suspens, constate Françoise, employée à la billetterie. Ce midi, on a pris une longue pause déjeuner, on avait besoin de parler. On doit avoir une réunion en fin de journée pour décider de ce que l’on fait, si on ouvre demain"

Mais l’arrêt des métros, bus et tramway n’est pas la seule raison pour laquelle les habitants les évitent. Désormais, ils ne s’y sentent plus en sécurité. "La Commission compte une trentaine de bâtiments dans Bruxelles, le nôtre est à 100 mètres de la station Maelbeek. On nous a demandé de rester dans le bâtiment, raconte Cécile*, qui travaille à la Commission européenne. A 16 heures, on a enfin eu l’autorisation de sortir. Demain, je dois revenir travailler mais je ne prendrai pas le métro. Tant pis, j’en aurai pour une heure de marche". Avec une trentaine de morts et une centaine de blessés, le traumatisme est bien présent.

*Le prénom a été modifié.

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