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Volkswagen : une jeunesse allemande

En pleine tourmente, le groupe Volkswagen est intimement lié à l’histoire de l’Allemagne et à son pouvoir politique. Comment la petite voiture voulue par Hitler et créée par Ferdinand Porsche est devenue «Das Auto», symbole de la puissance industrielle allemande et première marque automobile mondiale? En 10 dates, voici la saga Volkswagen, la «voiture du peuple» en allemand.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Inventée sous Hitler et développée après guerre, la Coccinelle de Volkswagen est le symbole du miracle allemand et de son industrie (ici, une famille allemande et sa voiture au bord d'un lac à Berlin en 1965).

1934 : Hitler est au pouvoir depuis un an. L’ingénieur Ferdinand Porsche travaille sur le projet d’une voiture alors que le Führer souhaite une voiture pour les Allemands. Dans le cahier des charges voulu par le pouvoir nazi, cette voiture devra pouvoir transporter quatre personnes à 100 km/h et avoir une faible consommation aux 100 kilomètres… pour moins de 1000 marks.

1937. Hitler assis à l'arrière de la Voiture du peuple à Stuttgart. (STAFF / AFP)

1936 :  premiers prototypes de la «KDF-Wagen». L’ancêtre de la Coccinelle porte le joli nom nazi de «force par la joie». Elle entre dans les volontés du national socialisme de développer l’économie allemande qui a déjà couvert l’Allemagne d’autoroutes. L’architecture de la voiture, qui a fait son succès, est due aux ingénieurs de chez Porsche. C’est en 1937 que le modèle est officiellement présenté. Hitler donne le nom de Volkswagen au projet qui ne verra que quelques exemplaires sortir avant guerre. 

1945 : la ville de «KDF Stadt» où est située l’usine Volkswagen redevient Wolfsburg. Les usines bombardées, qui produisaient de l'armement et des jeeps allemandes (Kübelwagen) pendant la guerre, ont du mal à repartir, surtout que les alliés qui occupent le pays ne croient pas en la petite voiture allemande. Mais un ingénieur anglais, Yvan Hirst, est attiré par la VW et relance sa production. Un redemarrage qui préfigure le miracle allemand de l'après-guerre.

1947 : Ferdinand Porsche, le créateur de la VW, est libéré après avoir été détenu en France pour son rôle pendant la guerre. Nazi, il a été l’un des artisans de l’effort de guerre et notamment en terme de travail forcé. On lui doit certains chars de l’armée allemande.

1955 : la millionième Coccinelle sort de l'usine. Cet évènement est fêté dans toute la ville avec la voiture portant le numéro 1.000.000. En 1973, 16 millions de modèles ont été produits. La dernière Coccinelle est produite en 2003, au Brésil. Mais une légende ne meurt jamais et elle réapparait sous le nom de «New Beetle» en 1998 dans une version modernisée.

La New Beetle de Volkswagen (STAFF / AFP)

1961 : «Volksaktie»… Action pour le peuple, c’est ainsi qu’on appelle les premières actions Volkswagen mises sur le marché après la loi de privatisation de la société. Mais Volkswagen reste toujours proche du pouvoir: l’Etat fédéral conserve 20% de l'entreprise jusqu’en 1988 et le Land de Basse-Saxe est toujours l’un des gros actionnaires du groupe.

1974 : la révolution Golf. Volkswagen lance ce modèle qui évoluera au fil des annnées. Un succès largement aussi important que la Coccinelle. Entre temps, Volkswagen acquiert la marque Audi/Auto Union. Cette acquisition donne au groupe la maîtrise des tractions avant et des moteurs à refroidissement liquide. Par la suite, le groupe s'enrichit de nombreuses autres acquisitions, Skoda, Seat... ou Bentley.

2002, le chancelier Schröder lors de l'inauguration d'une ligne de production de Polo au Brésil (AFP PHOTO Mauricio LIMA)

1990 : Gerhard Schröder devient ministre-président de Basse-Saxe, le land actionnaire de Vokswagen. Une fois chancelier, Schröder prend en 2002 comme conseiller pour réformer le marché du travail dans le pays Peter Hartz, membre du SPD, et ancien directeur du personnel de… Volkswagen. La politique sociale de Volkswagen a toujours été un baromètre de la politique sociale en Allemagne, et un test de la cogestion allemande. Plus tard, l'astre de Hartz palit en raison d'un scandale et des difficultés –momentanées – de la marque.

2009 :  retour aux sources pour Volkswagen qui a acquis 49,9% de la branche voitures de Porsche pour 3,9 milliards d'euros. Wolfgang Porsche, président du conseil de surveillance de Porsche, et Ferdinand Piëch, son homologue chez Volkswagen, sont cousins germains. Ferry Porsche, le père du premier, et Louise Piëch, la mère du second, étaient les deux enfants de Ferdinand Porsche, le créateur du premier modèle de la marque. En 2012, la fusion est totale entre les deux groupes et Porsche devient une marque du groupe qui est en majorité détenu par les familles Porsche et Piëch.

2015 : Toyota, numéro un mondial depuis 2012, a été détrôné au premier semestre 2015 par l'allemand Volkswagen. L'actuel patron du groupe, Martin Winterkorn, «le meilleur président du directoire possible», soutenu par le Land de Saxe, qui avait mis sur la touche Ferdinand Piëch, est aujourd'hui menacé. Il n’est pas sûr qu’avec la crise actuelle qui secoue tout le pays le groupe allemand conserve sa première place et lui la sienne.

Les marques de l'empire Volkswagen, dont Audi, Seat, Bentley... et bien sûr Porsche. (OLIVER HARDT / AFP)

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