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Taxe poids lourds : où en est l'Europe ?

Alors que la France se déchire sur la mise en œuvre d’une écotaxe sur les camions, trois pays européens, à l’économie plutôt florissante, l’ont adopté depuis longtemps : la Suisse, depuis 2001, et l’Autriche et l’Allemagne. Mais sur les 28 pays européens, rares sont ceux qui sont déjà passés à l'acte.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Camion passant sous un portique de péage en Allemagne. (KAI-UWE KNOTH / DDP / AFP)

Les hésitations de Paris sur l'application d'une écotaxe sur les poids lourds montrent que la question des transports en Europe n'est pas simple. La taxation des camions n'est pas qu'une affaire fiscale mais est supposée avoir des conséquences en matière de transports et d'environnement. Plusieurs pays, dont lles systèmes autoroutiers sont gratuits (Allemagne) ou à payement forfaitaire (Suisse) ont déjà mis en oeuvre une telle taxe, avec des effets plus ou moins mesurables. 

L’exemple suisse

La Confédération helvétique a été le premier pays européen à avoir mis en place un système de taxation des poids lourds. Ce système a été adopté par référendum en 1998 et mis en service en 2001. Elle touche tous les poids lourds de plus de 3,5 tonnes. 
 
Cette taxe se calcule sur la base de trois critères : le nombre de kilomètres parcourus en Suisse, le poids du véhicule et ses valeurs d’émissions polluantes.
 
L’instauration de cette taxe a eu plusieurs conséquences : renouvellement du parc pour s’équiper de véhicules moins polluants, concentration des entreprises de transports, moindre progression du trafic des poids lourds, et notamment  pour le trafic transalpin. Les chiffres montrent même une stagnation, voire une baisse du trafic des poids lourds. 
 
La majeure partie des revenus tirés de cette taxe a été utilisée pour développer les infrastructures ferroviaires
 
L'Allemagne s'y met aussi
Mis en place dès 2005 sur plus de 12.000 kilomètres d'autoroutes (gratuites), le péage par voie satellitaire a été étendu à 1.135 kilomètres supplémentaires, sur des routes nationales à quatre voies. Depuis 2005, le système de collecte de la taxe poids lourds a permis à l’Etat d’encaisser quelque 30 milliards d’euros.
 
La «LKW Maut», nom de cette redevance, concerne tous les véhicules de plus de 12 tonnes, que ce soit pour un trajet à vide ou en charge. Cette taxe combine le nombre de kilomètres parcourus, le nombre d’essieux et la valeur d’émission du moteur du camion. 

L'Autriche, autre pays alpin, a aussi adopté un principe d'écotaxe à l'encontre des poids lourds. Mais cette taxe n'a pas eu l'efficacité du système suisse.

Ailleurs en Europe
Le système doit théoriquement se généraliser dans l'Union européenne puisque les eurodéputés en ont adopté le principe.

Au delà des questions de fiscalité, le transport par route pose de nombreuses questions d'ordre sanitaire, environnementale et économique. Selon le Journal de l'Environnement, «le trafic des poids lourds  a un coût annuel évalué entre 43 et 46 Md€. Le rapport  de l'Agence européenne de l'environnement précise que les camions génèrent de 40 à 50% de la pollution par les oxydes d’azote (NOx) et ajoute que le diesel, souvent utilisé par les poids lourds, produit plus de pollution que l’essence et qu’il a été classé en juin 2012 comme cancérogène pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer».

«Les économies européennes reposent sur le transport de marchandises sur de longues distances. Mais il y a également un coût caché qui se paie en années de problèmes de santé et en vies perdues. ... En intégrant ce coût au prix des marchandises, nous pouvons encourager des méthodes de transport plus saines et des technologies plus propres», note l'agence européenne.

D'autres pays européens ont adopté le principe d'une taxe : la République Tchèque, la Slovaquie, la Pologne et le Portugal qui ont mis en place un système de péage électronique pour les camions. Et la France... qui devait l'appliquer en 2014, à moins que le  «dialogue» proposé par le gouvernement ne dure plus longtemps...

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