: Reportage Soixante ans après le Traité de l'Elysée, le français séduit moins les jeunes Allemands : "On voit une grande concurrence avec l'espagnol"
Les jeunes Allemands sont à peine 15% aujourd’hui à apprendre le français à l'école, contre 82% pour l’anglais. C'est le plus bas niveau depuis 1995. Alors pour les intéresser de manière plus ludique, des ambassadeurs et ambassadrices de l’Office franco-allemand pour la jeunesse vont à leur rencontre dans les écoles et collèges, dans le cadre d'in programme intitulé FranceMobil.
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Pour le tour de présentation, Emma, l'animatrice de 22 ans, demande aux élèves de former un cercle : "Moi, je suis française, je viens de Paris. Moi, j'aime faire du sport et écouter de la musique. Et toi à côté ?". "Je m'appelle Hendrik, j'ai 15 ans et je viens de Berlin. J'aime faire du sport et manger des pizzas", répond l'élève à ses côtés sous les applaudissements de ses camarades de classe.
Les élèves doivent ensuite identifier les noms de villes dans une chanson. Retentissent alors les paroles d'une musique du groupe toulousain Bigflo et Oli : "Je t'ai déjà parlé de Bordeaux, sur les quais". "Question bonus, vrai ou faux : à Bordeaux, il y a la plus grande place d'Europe, la plus grosse place de toute l'Europe ?", interroge Emma.
"L'important, c'est de montrer qu'on peut communiquer"
Avec ce type d'atelier, l'animatrice va d'écoles primaires en collèges, mandatée notamment par l'Office franco-allemand pour la jeunesse. "L'important, c'est de montrer qu'on peut communiquer avec leur niveau de français. Ils comprennent tout ce que je dis, explique-t-elle. On se débrouille avec nos niveaux de langue et l'important ce n'est pas de parler la langue de façon parfaite. C'est juste de communiquer. C'est motivant pour eux, j'espère, et c'est encourageant. Ça leur donne confiance".
Valerie, seize ans, est en 10ᵉ, l'équivalent de la classe de seconde. Elle vient de passer un an à Marseille. Son séjour l'a convaincue de poursuivre l'apprentissage du français : "C'est une belle langue. J'aime parler en français, j'aime beaucoup les gens et il y a la mer. Le temps est beau", rapporte la lycéenne. Autre point positif ? La gastronomie. "Il y a de la nourriture délicieuse !", confirme-t-elle.
La concurrence de l'anglais et de l'espagnol
Et pourtant, le constat est rude pour la langue de Molière : l'an prochain, seuls 8 des 28 élèves que compte cette classe envisagent de continuer à apprendre le français. "On voit une grande concurrence avec l'espagnol, observe leur enseignante. Souvent, ils arrêtent même des classes de français parce qu'il manque des élèves."
"Les Allemands disent : c'est beaucoup trop compliqué".
Kerstin Wehmeyer, enseignante allemandeà franceinfo
La professeure compte donc sur ces rencontres pour motiver ses élèves. Mais la tâche n'est pas simple. "Je pense que je vais plutôt choisir l'anglais. Je trouve la grammaire plus simple et mes parents peuvent m'aider plus facilement qu'en français, confie une élève. Et puis, l'anglais est davantage parlé dans le monde, mais j'aime quand même beaucoup le français".
Même si son apprentissage régresse, le français reste la deuxième des langues étrangères enseignées en Allemagne, derrière l'anglais et devant l'espagnol. A noter qu'en France, ils étaient 147 000 en 2021, sur 5 657 100 élèves du secondaire, à apprendre la langue de Goethe. Soit une baisse de 75% par rapport à 1995.
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