Pour Daniel Cohn-Bendit, "Helmut Kohl n'a jamais été un modèle en politique"
Daniel Cohn-Bendit, homme politique franco-allemand, a évoqué, vendredi soir sur franceinfo, des pans négatifs de la politique menée par l'ex-chancelier décédé.
Les réactions sont nombreuses après la mort d'Helmut Kohl, l'ancien chancelier allemand, architecte de la réunification allemande, à l'âge de 87 ans. Pour l'homme politique franco-allemand Daniel Cohn-Bendit, vendredi 16 juin sur franceinfo, "Helmut Kohl n'a jamais été un modèle en politique".
franceinfo : Helmut Kohl était-il un européen convaincu ?
Daniel Cohn-Bendit : Helmut Kohl a toujours su réagir et a su faire avancer la construction européenne jusqu’à la construction de l’euro. C’est après le traité de Maastricht qu’il s’est un peu raidi. Il a mis en avant l’idée allemande de l’Europe. C’est là qu’a débuté un processus assez difficile où chaque pays défend l’Europe à sa manière. À la fin, Helmut Kohl est un peu responsable de cette situation.
Helmut Kohl vous a-t-il marqué comme modèle en politique ?
Helmut Kohl et François Mitterrand ont eu la capacité de faire avancer la politique et l’Europe. Pour autant, on oublie aussi les côtés négatifs dans le sens où Helmut Kohl était conservateur sur tous les problèmes de société. Il était même assez rétrograde. Sur l’immigration en Allemagne, il n’a jamais compris comment son pays se transformait. Il ne faut donc pas exagérer. Ces hommes politiques ont eu des réactions importantes à des moments importants de l’histoire, mais pour moi Helmut Kohl n’a jamais été un modèle en politique. On n’a jamais su qui a payé la caisse noire de la CDU. Helmut Kohl aurait dû déclarer cet argent, il ne l’a pas fait. Celle qui se réclame d'Helmut Kohl, Angela Merkel, s’est en fait imposée en dégradant Helmut Kohl. La fin a été un scandale, sa fin a été une chute libre morale.
Le souvenir d'Helmut Kohl, est-elle une façon de réaffirmer l'importance de l'amitié franco-allemande ?
C’est toute la signification des perspectives qu’offre la victoire d'Emmanuel Macron. Il a compris la valeur intrinsèque de la capacité d’initiative franco-allemande. Angela Merkel sait maintenant qu’il faut avancer dans cette direction pour faire avancer l’Europe. La mort d'Helmut Kohl nous rappelle que nous avons besoin de personnel politique capable, par l’amitié, de faire avancer l’Europe.
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