Où en est le nucléaire Outre-Rhin ?
Les Allemands ont un rapport mouvementé avec le nucléaire. Dans les années 70, d’importantes manifestations sont organisées contre l’installation de centrales utilisant ce mode d’énergie. Ce mouvement, qui va favoriser la croissance du parti vert (die Grünen), lutte dans le même temps contre les armes atomiques installées dans les deux parties de l’Allemagne (par les Américains et les Soviétiques).
Au cours des années 80, le mouvement monte en puissance. La catastrophe de Tchernobyl, en avril 1986, suscite de très fortes réactions au sein de l’opinion allemande. En 1998, les sociaux-démocrates du SPD, avec Gerhard Schröder à leur tête et les verts comme alliés, battent l’indéboulonnable chancelier CDU Helmut Kohl, « père » de la réunification, au pouvoir depuis 16 ans. Dans le bagage de la nouvelle coalition : l’abandon de l’énergie nucléaire, décidée en 2000 et étalée sur une période de 30 ans.
La CDU-CSU (droite) revient au pouvoir en 2005, au sein d’une grande coalition avec le SPD, dirigée par la chancelière CDU Angela Merkel. Celle-ci est confirmée par le scrutin de 2009. Les sociaux-démocrates quittent la coalition et sont remplacés par les libéraux du FDP. L’année suivante, le gouvernement fédéral décide de prolonger de 12 ans la sortie du nucléaire.
Mais survient la catastrophe de Fukushima au Japon en mars 2011. Les opposants au nucléaire reprennent le chemin des manifestations. Quatre jours après la catastrophe, les autorités fédérales ordonnent de déconnecter du réseau électrique les sept réacteurs les plus anciens (construits avant 1980). Et surtout ils décident un revirement complet de la politique énergétique allemande : le pays devra sortir du nucléaire d’ici 2022, devenant ainsi la première grande puissance industrialisée à renoncer à l’atome.
L’Allemagne possède actuellement 17 réacteurs et est dépendante de l’atome pour moins de 25 % de son électricité. La part des énergies durables (éolien, solaire et hydroélectricité), qui s’élève à 17 %, devrait passer à 50 % dans les prochaines décennies. Dans le même temps seront construites de nouvelles centrales au gaz. Un plan à la facture salée : il s’élèverait à quelque 40 milliards d’euros.
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