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L’armée allemande accusée de laxisme contre les extrémistes

L’arrestation de Franco Albrecht, officier allemand de 28 ans accusé de vouloir commettre des attentats contre des personnalités, ternit l’image de l’armée allemande. Car l’enquête montre que la Bundeswehr est traversée par un courant nostalgique du IIIe Reich. En Allemagne, l’épisode rouvre des plaies.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Le président allemand Franck-Walter Steinmeier et la ministre de la Défense Ursula von der Leyen passent en revue une garde d'honneur devant la résidence de la présidence à Berlin, le 22 mars 2017.

	  (REUTERS/Fabrizio Bensch)

Le problème n’est pas tant qu’une brebis galeuse sévisse au sein de la brigade franco-allemande. Cette affaire montre surtout que la Bundeswehr ne s’est pas débarrassée de tous les vieux relents nazis.
 
Ainsi, la hiérarchie ferme les yeux sur des dérapages inquiétants. Dans la chambre de Franco Albrecht, les enquêteurs ont découvert une affiche représentant un soldat du IIIe Reich. Franco Albrecht détenait aussi un fusil de la Seconde guerre mondiale gravé d’une croix gammée. Rien de caché, semble-t-il.

Lors d’un stage dans l’armée française, à Saint-Cyr, il est repéré pour ses propos extrémistes, mais sa hiérarchie ne le sanctionne pas. Une mansuétude qui surprend les officiers français pour qui cela méritait l’exclusion. Enfin, l’enquête permet de découvrir que dans les sous-sols de la brigade franco-allemande basée à Illkirch-Graffenstaden, en France, la nostalgie de la Wehrmacht décore les murs des pièces de loisirs des soldats.
 
Au foyer du 291e bataillon d'infanterie à Illkirch-Graffenstaden, sur un mur, un soldat et une arme du IIIe Reich.  (ATRICK SEEGER / DPA)

La ministre allemande de la défense, Ursula von der Leyen, a sérieusement tancé la hiérarchie militaire de son pays. Un «Mauvais esprit de corps» règne dans l’armée allemande, a-t-elle dénoncé. «La Bundeswehr connaît des problèmes de comportement et il existe manifestement à l’intérieur de celle-ci des faiblesses de commandement.»
 
Publiquement, la ministre a même enfoncé le clou. «Je pense que la Bundeswehr doit clairement montrer, en interne comme à l'extérieur, qu'elle ne se situe pas dans la tradition de la Wehrmacht.» Un sujet éminemment sensible, qu’on pensait réglé, au pire depuis 1982, date du dernier arrêté de tradition de la Bundeswehr. L’armée allemande est jeune. Elle a été créée en 1955, et la conscription a disparu en 2011.

Deux casernes Rommel 
Un rafraîchissement est désormais à l’ordre du jour. Il en dit long sur les oublis de la République allemande. Ainsi. une vingtaine de casernes portent encore le nom de soldats du Reich. Deux sont dédiées au feld-maréchal Erwin Rommel. Le site du ministère de la Défense précise que ce toilettage est en cours, les casernes sont progressivement rebaptisées depuis… 1995.

Une opération critiquée par certains hommes politiques comme Théo Sommer, un ancien proche de Helmut Schmidt (lien en Allemand). «Je ne laisserai pas la photo de mon père en soldat de la Wehrmacht reposer dans une boîte à chaussures (...). Je ne vois pas pourquoi j'aurais honte de lui», a renchéri Theo Sommer dans l'hebdomadaire Die Zeit.
 
Mais fatalement le débat a rouvert des plaies chez les soldats de la Seconde guerre mondiale et leurs descendants. «En d'autres temps, on aurait parlé de chasse aux sorcières», a fustigé l'ancien ministre social-démocrate de la Défense, Rudolf Scharping. Il commentait la décision de décrocher le portrait d’Helmut Schmidt à l'internat de l'Université de la Bundeswehr de Hambourg. L’ancien chancelier y apparaissait en uniforme de la Wehrmarcht. Schmidt comme tous les gens de son âge (il était né en 1918) a été mobilisé sans pour autant faire allégeance aux nazis.

Ne pas nier cette période noire devient un curieux débat de l’autre côté du Rhin. Au départ, il était simplement question d’expurger l’armée d’éléments viciés.

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