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James Tobin, l'économiste de la fameuse taxe

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le 31 décembre la création d’une taxe sur les transactions financières, relançant ainsi le débat sur la taxe Tobin, du nom du prix Nobel d’économie James Tobin, mort en 2002. Portrait de l’auteur d’une idée serpent de mer...
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'économiste James Tobin dans son bureau de l'université de Yale en 1981 (AFP PHOTO UPI FILES)

«Il faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a provoqués» expliquait Nicolas Sarkozy le 31 décembre pour expliquer sa volonté d’instaurer une telle taxe. Pourtant, en 1999, le futur président condamnait «l’absurdité» de ce dispositif lors d’un débat télévisé avec… François Hollande, alors premier secrétaire du PS. 

Taxe sur les transactions de devises
L’idée a été lancée pour la première fois en 1972 par l’Américain James Tobin, professeur d’économie, né en 1918, adepte de Keynes et d’un libéralisme tempéré. Comme le Britannique, il est favorable à l'intervention de l’Etat dans l’économie.

En 1950, il intègre l’université de Yale où il restera toute sa carrière. Une décennie plus tard, il intègre le conseil économique de l’administration de John Kennedy. Il contribue à la mise au point d’un système de taxation qui permet au chômage américain d’atteindre l’un de ses plus bas biveaux depuis 1945.

En 1971, les Etats-Unis mettent fin aux accords de Bretton Woods organisant le système monétaire mondial de l’après-guerre autour du dollar et de l’or. L’année suivante, James Tobin, qui s’intéresse à la volatilité des monnaies, propose d’instaurer une taxe sur les transactions de devises. But : «limiter les variations de taux de change» pour ralentir la spéculation, explique-t-il en 2001 dans le Spiegel.

En 1981, l’universitaire reçoit le prix Nobel d’économie pour son analyse des marchés financiers et sa «théorie de sélection de portefeuille». Une théorie qu’il traduit ainsi : «Ne mets jamais tous tes œufs dans le même panier»… Pour autant, c’est son idée de taxe qui le rend célèbre. Elle est popularisée dans les années 90 par l’association Attac et les altermondialistes. Mais ceux-ci proposent de l’étendre à toutes les transactions financières de la planète. L’économiste prend ses distances. «Je n’ai rien en commun avec ces soi-disant révolutionnaires de l’anti-globalisation» (Anti-Globalisierungs-Revoluzzer), dit dans le Spiegel celui qui se présente comme un «partisan du libre commerce».

Mais l’idée échappe à son inventeur… A partir de 1984, la Suède la met en pratique en instaurant une taxe de 0,5 % sur son marché d’actions et son marché des obligations. Problème : les capitaux fuient le pays et le dispositif est abandonné en 1990.

"Financièrement indispensable, moralement incontournable"
Le débat rebondit notamment après la crise du peso mexicain en 1994. En 2001, le premier ministre socialiste Lionel Jospin fait voter à l’Assemblée le principe d’une taxation des transactions sur le marché des devises. A condition qu’elle soit adoptée par les autres membres de l’UE.

L’idée est finalement reprise par… des dirigeants de droite après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Laquelle met en lumière les dérives de la spéculation financière. Le 16 août 2011, Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel annoncent une initiative sur le sujet. «Une taxe sur les transactions financières est techniquement possible, financièrement indispensable, moralement incontournable», explique alors le chef de l’Etat.
 

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L'économiste John Galbraith, souvent défini comme un "keynésien de gauche" et qui a suivi les cours de James Tobin à Yale, s'exprimer sur le principe de taxe sur les transactions financières.

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