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Inflation record : quelles mesures sont prises pour les salaires en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni ?

Face à une inflation très forte, tous les pays européens sont agités par la question des salaires. Comme en France, les syndicats réclament des hausses générales en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni. Les réponses diffèrent selon les pays. 

Article rédigé par Bruce de Galzain, Sébastien Baer - Laura Kalmus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Une manifestation pour une hausse des salaires à l'appel du syndicat IG Metall, à Leipzig en Allemagne, en septembre 2022.  (JENS SCHLUETER / AFP)

Avec une inflation qui dépasse les 10% en moyenne sur l'ensemble de l'Union européenne, tous les pays voisins de la France sont confrontés à la question du pouvoir d'achat. Qui dit pouvoir d'achat dit salaires. Partout, la hausse des prix les dépasse largement. Et partout, les salariés réclament des augmentations significatives. Tour d'horizon des réponses apportées en Italie, en Allemagne et en Angleterre. 

Des aides sur les cotisations en Italie

En Italie, l'inflation atteint les 9%. Face à cette hausse des prix généralisés, le gouvernement de Mario Draghi fait régulièrement passer des décrets appelés "aiuti", qui veut dire "aides". Pour l'instant, trois décrets de ce type ont été signés. Ils concernent les salariés qui gagnent moins de 35 000 euros brut annuel. Ils bénéficient depuis le mois de juillet et au moins jusqu'à la fin du mois de décembre d'une baisse de cotisations salariales, qui passe de 9% à 7%, ce qui représente un gain de 25€ pour un salaire de 2 000€. C'est aux employeurs de l'appliquer, même si ça ne leur coûte rien. Pour les moins riches, ceux qui gagnent moins de 1 500€ par mois, une prime de 150€ est aussi distribuée. 

Pas de quoi satisfaire les syndicats, qui réclament des hausses de salaires générales. Ils demandent aussi la création d'un salaire minimum, qui n'existe pas en Italie. Des manifestations sporadiques sont aussi organisées pour brûler symboliquement des factures de gaz, d'électricité et d'eau, notamment devant la Caisse des dépôts et consignations italienne, actionnaire majoritaire du grand groupe pétrolier ENI. Ici, ces grands groupes sont censés payer une taxe supplémentaire sur les superprofits pour financer les mesures du gouvernement. Le gouvernement incite aussi les entreprises à rembourser les factures de leurs salariés dans la limite de 600€, qui seront ensuite déduits du résultat de l'entreprise.

En Allemagne, une augmentation du Smic

L'inflation est aussi très forte en Allemagne, où la hausse des prix atteint les 10% sur un an au mois de septembre. Outre-Rhin, les négociations sur les salaires vont bientôt s'ouvrir. Si les syndicats demandent souvent des revalorisations à deux chiffres, la première étape a été plus modeste. Le 1er octobre, le chancelier Olaf Scholz a augmenté le salaire minimum horaire de 15%, conformément à ce qu'il avait promis durant sa campagne. Il est donc passé de 10,45€ à 12€. La mesure était très attendue et profite à un peu plus de six millions de personnes sur les 45 millions d'actifs allemands. 

Dans ce contexte compliqué, les autres salariés attendent aussi des hausses de salaires. Parmi les secteurs qui s'apprêtent à négocier leurs grilles salariales, il y a la sidérurgie, la chimie, l'automobile ou encore l'électronique. Pour compenser l'envolée des prix, IG Metall, le premier syndicat allemand, réclame 8,5% d'augmentation et a promis une grève si aucun accord n'est trouvé avant la fin du mois. Il faut d'ailleurs s'attendre à des débrayages dans les entreprises pendant ces négociations, tant les augmentations demandées sont importantes. 

D'autant plus que tous les syndicats réclament cette hausse des salaires et se livrent même à une forme de surenchère. Verdi, un autre syndicat, fixe ainsi le seuil minimum d'augmentation à 10,5% pour les 2,5 millions de salariés de la fonction publique. Il y a quelques jours, les employeurs ont appelé Verdi à faire preuve de modération dans ses revendications et à tenir compte de la situation des entreprises. Car cette mobilisation des syndicats s'ajoute à la longue liste des inquiétudes du patronat, qui doit déjà faire face à la flambée des prix des matières premières, des transports, du gaz et de l'électricité. 

Au Royaume-Uni, des augmentations bien en deçà d'une inflation record

Le Royaume-Uni n'est pas épargné par l'inflation, au contraire. Le pays affiche l'un des taux d'inflation les plus élevés du G7, avec 10,1%. Les prix de l'énergie ont particulièrement explosé, les factures ont presque doublé en un an et pourraient augmenter de 80% à partir du mois d'avril, lorsque le gel du prix du gaz et de l'électricité prendra fin. Le prix de l'essence et des produits alimentaires est aussi en augmentation constante. Face à cela, la hausse des salaires est timide dans le pays, avec une augmentation en moyenne de 6% dans le secteur privé et 2,2% dans le public. Sans surprise, la grogne sociale se fait donc sentir, d'autant plus que la situation politique est très floue, avec une Première ministre, Liz Truss, qui vient de jeter par la fenêtre toute sa politique économique. 

>> Royaume-Uni : comment la Première ministre, Liz Truss, a plongé le pays dans la crise en quelques semaines

Dans le pays, les grèves se multiplient. Malgré la célèbre devise "Keep calm and carry on" – "Rester calme et avancer" – les Britanniques ont décidé d'élever la voix. Les cheminots et les postiers sont particulièrement mobilisés. Le syndicat de Royal Mail, la poste britannique, a déjà organisé six jours de grèves récemment et menacent de s'arrêter pendant 16 jours supplémentaires échelonnés sur trois mois. Ce qui perturberait les livraisons de Noël. Un autre mouvement est aussi en train de prendre de l'ampleur outre-Manche : "Enough si enough", traduit par "Trop, c'est trop". Le mouvement entend lutter contre la crise du coût de la vie et tente de trouver des solutions pour les familles les plus démunies. 



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