Royaume-Uni : la Première ministre Liz Truss tiendra-t-elle "plus longtemps qu'une laitue" ?
La Première ministre britannique, Liz Truss, entame une semaine cruciale pour son avenir politique. Et la presse s'en donne à coeur joie.
Sur son site internet, le tabloïd Daily Star a mis côte à côte un portrait de Liz Truss et une laitue. Une laitue "iceberg", acheté 60 pences au supermarché. Cette petite mise en scène est filmée 24 heures sur 24 par une webcam.
Day one: Which wet lettuce will last longer? https://t.co/vReEEeL6jk
— Daily Star (@dailystar) October 14, 2022
L'idée est de faire des paris sur laquelle des deux - la salade ou la Première ministre - se décomposera le plus vite. La blague n'est pas de très bon goût, mais elle résume parfaitement la situation : Liz Truss est au pouvoir depuis un mois et 11 jours, mais elle est déjà tellement mal en point qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps avant de pourrir sur pied. Son leadership ne vaudrait-il pas mieux qu'une grosse salade ? Ceci dit le Daily Star a été sympa parce qu'une iceberg, au frigo... ça tient largement 10 jours.
L'histoire a commencé par une chronique dans l’hebdomadaire The Economist, le 12 octobre, intitulée "The iceberg lady" ("La dame iceberg"). L’hebdomadaire a calculé qu'en déduisant les 10 jours de deuil après le décès de la Reine Elizabeth, Liz Truss a gardé le contrôle pendant sept jours, "à peu près la durée de conservation d’une laitue". De quoi donner des idées à certains.
Un plan budgétaire mal ficelé
C'est sur les questions économiques que Liz Truss a trébuché. Le 23 septembre 2022, elle présente un mini-budget qui promet des baisses d'impôt considérables, sans en expliquer le financement. Panique sur les marchés, la livre tombe au plus bas de son histoire face au dollar et la popularité des conservateurs plonge dans les abysses. Son intransigeance n'aura pas duré longtemps : en catastrophe, Liz Truss tente de rectifier le tir. Vendredi 14 octobre, elle annonce le limogeage de son ministre des finances (durée de vie 38 jours) et accepte de revenir sur l'une de ses mesures phares, baisser l'impôt sur les sociétés pour faire rentrer de l'argent dans les caisses.
Demandes de démission des députés
Ça ne suffit pas à apaiser les choses. Le nouveau chancelier de l'échiquier, Jeremy Hunt, un vétéran des années Cameron, présentera un nouveau budget le 31 octobre. Ce sera un changement de cap radical, qui doit rassurer les marchés... mais qui ne suffira sans doute pas à sauver la tête de Liz Truss.
Dimanche 16 octobre, la – toujours – Première ministre a publié une tribune dans le Sun. "J'ai écouté, j'ai compris", dit-elle, mais ce week-end, les critiques sont montées d'un cran.
In recent weeks, I have watched as the Government has undermined Britain’s economic credibility & fractured our Party irreparably.
— Jamie Wallis MP (@JamieWallisMP) October 16, 2022
Enough is enough.
I have written to the Prime Minister to ask her to stand down as she no longer holds the confidence of this country. pic.twitter.com/hHej8LGfJf
Une centaine de lettres de défiance aurait déjà été soumises au parti, selon le Sunday Times. "Quit Now", "démissionnez maintenant", demande notamment le respectable Crispin Blunt, 25 ans sur les bancs du Parlement.
Et c'est une question d'intérêt national : le sujet est à la une de toute la presse lundi 17 octobre. Les Tories doivent se réunir et chercher par quel mécanisme compliqué ils pourraient faire passer Liz Truss à la casserole. La seule chose qui les freine encore est qu'ils n'ont aucune envie de repasser par la case élections : ils savent qu'ils vont perdre (ils ont 26 points de retard sur les Travaillistes).
Le retour de Boris Johnson ?
Si jamais Liz Truss quitte le pouvoir, qui pourrait la remplacer ? Quelques noms circulent, notamment ceux qui ont fait la course contre elle pour emporter le poste de premier ministre: Rishy Sunak notamment. Proche de Jeremy Hunt, l’ancien Chancelier de l’Échiquier de "Bojo", observe sans rien dire les faux pas de Truss depuis son arrivée au pouvoir. Penny Mordaunt, arrivée en troisième position dans la course à Downing Street et jugée comme une "figure plus consensuelle du conservatisme" par le Guardian. Sans oublier l'outsider, un certain Boris Johnson, l'ancien Premier ministre, qui a cédé sa place à Liz Truss et qui, lui aussi, s'y connaît en salades.
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