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Après les propos de Montebourg: Bismarck vaut-il encore une messe?

Arnaud Montebourg (PS) a déclenché une vive polémique après avoir accusé l’Allemagne d’Angela Merkel de mener « une politique à la Bismarck ». Pourquoi autant de bruit autour du comte Otto Eduard Leopold von Bismarck-Schönhausen, le premier chancelier allemand, plus d'un siècle après sa mort ?
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le chancelier Otto von Bismarck (AFP)

Né en 1815, Otto von Bismarck est l’héritier d’une famille d’officiers et de propriétaires terriens, quintessence de la noblesse prussienne luthérienne, les junkers. Après avoir étudié le droit, il entame une carrière de fonctionnaire puis prend en charge les possessions familiales en Poméranie orientale (aujourd’hui en Pologne). Il entre en politique en 1847 après son élection au parlement local dans les rangs des ultraconservateurs. Il s’y fait notamment remarquer pour ses talents d’orateur.

En ces temps de rivalité entre la Prusse et l’Autriche sur fond de marche à l’unité allemande, il est nommé ambassadeur en Russie en 1859 puis en France en 1864. La même année, le roi de Prusse, Guillaume Ier, fait de lui son chef de gouvernement (ministre-président).

Bismarck entend réaliser l’unité des principautés allemandes, sous la houlette de la Prusse contre l’Autriche, « par le fer et par le feu ». Battus à la bataille de Sadowa (1866), les Autrichiens doivent renoncer à leurs prétentions. Après la défaite de la France de Napoléon III à Sedan en 1870, l’unité de l’Empire allemand (Reich) est proclamée le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Guillaume Ier devient empereur avec Otto von Bismarck comme chancelier.

Autoritarisme et ouverture
En matière de politique extérieure, ce dernier va chercher à isoler la France, tout en entretenant une armée puissante. Dans le même temps, il soutient vigoureusement l’expansion économique de l’Allemagne.

Sur le plan intérieur, il conforte l’unité allemande sous direction prussienne en alternant autoritarisme et ouverture. En Alsace et en Lorraine conquises sur l’«ennemi héréditaire» français, il impose une sévère « germanisation ». Entre 1872 et 1875, il combat vigoureusement l’indépendance de l’Eglise catholique lors du Kulturkampf (« combat de civilisation »).

Le chancelier prend aussi des mesures d’exception contre les socialistes dont la progression l’inquiète. Dans le même temps, il développe une législation sociale unique en Europe en organisant une assurance maladie (1883), une assurance accident (1884) et une assurance vieillesse (1889).

Bismarck quitte la chancellerie en 1890, deux ans après l’arrivée au pouvoir de Guillaume II, petit fils de Guillaume Ier. Il s’éteint en 1898.

Le fait d’avoir réalisé l’unité allemande et la politique qu’il a menée par la suite suffit-il à faire aujourd'hui de ce chancelier le symbole de la « puissance impériale de l’Allemagne » (Libération) ? Après 1870, Otto von Bismarck a incarné en France « l'ennemi, qui a pris l'Alsace et la Lorraine, et contre lequel il (importait), obsession nationale, de prendre sa revanche. Avant tout, Bismarck (est devenu), comme le casque à pointe, le signe d'une humiliation nationale », analyse le jounaliste Daniel Schneidermann sur le site arretsurimages. Un signe qui ressort dans le débat politique 140 ans après...
 

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