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Anwar al-Bunni, le "chasseur de criminels" syriens, à l'origine d'un procès historique en Allemagne

Pour la première fois au monde, un officier syrien du régime de Bachar al-Assad a été condamné pour ses exactions. Un procès rendu possible, grâce, notamment, à Anwar al-Bunni, un avocat syrien, devenu un infatigable enquêteur des crimes du régime.

Article rédigé par Ludovic Piedtenu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
L'avocat syrien Anwar Al-Bunni à Berlin (Allemagne) le 23 février 2020 (LUDOVIC PIEDTENU / RADIO FRANCE)

C'est une première historique : la justice allemande a condamné un ex-agent du service de renseignement syrien à quatre ans et demi de prison, mercredi 24 février, pour "complicité de crimes contre l'humanité". La Haute cour régionale de Coblence a reconnu coupable Eyad al-Gharib d'avoir participé à l'arrestation en septembre ou octobre 2011 d'au moins 30 manifestants à Douma, près de Damas, et à leur transfert vers un centre de détention des services de renseignement.

Ce procès, le premier au monde à juger les exactions imputées au régime de Bachar al-Assad, doit beaucoup à Anwar al-Bunni. Cet avocat syrien de 62 ans est réfugié à Berlin depuis bientôt sept ans. Depuis, il collecte des témoignages, identifie les responsables, rassemble les preuves et monte des dossiers judiciaires. Pour ce procès de Coblence, il a apporté 24 témoignages de victimes, en plus du sien.

"Les héros, ce sont toutes ces victimes qui confient leur histoire"

L'avocat passe son temps à recevoir des messages, des signalements, des captures d'écran, des photos d'horreurs. Anwar al-Bunni doit ensuite effectuer un travail de recherches et de vérification. "C'est ma vie, estime-t-il. Les héros, ce sont tous ces témoins, ces victimes qui confient leur histoire, même si ça leur coûte. Peu importe la douleur, et si ça risque de mettre en danger leur famille en Syrie." Ces témoins "sont encore plus nombreux depuis la médiatisation du procès de Coblence".

"Ce qui se passe à Coblence change la donne pour les dictateurs du monde entier."

Anwar al-Bunni

à franceinfo

"Ils se pensaient en sécurité, ça a changé. Tous ces dictateurs-là, aujourd'hui, ont peur", dit-il avec un grand sourire. La justice allemande est la première à s'emparer du dossier des exactions du régime syrien, qu'Anwar al-Bunni qualifie de "machine diabolique". Il a déposé des dossiers dans plusieurs pays d'Europe, dont la France, la Suède, la Norvège et l'Autriche.

Portrait d'Anwar al-Bunni, le "chasseur de criminels" syriens

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