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Allemagne : ce que l'on sait des attentats qui ont fait neuf morts à Hanau

L'auteur présumé des deux attaques a été retrouvé mort à son domicile, quelques heures après avoir tué neuf personnes dans deux bars à chicha de Hanau, a annoncé la police.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La police scientifique intervient sur le lieu d'une fusillade à Hanau, en Allemagne, le 20 février 2020. (BORIS ROESSLER / DPA / AFP)

Neuf personnes ont été tuées dans deux fusillades dans le centre de l'Allemagne, mercredi 19 février dans la soirée, a annoncé la police. Ces attentats, qui ont visé deux bars à chicha de Hanau, à quelques kilomètres de Francfort, ont également fait plusieurs blessés graves, selon des médias locaux.

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L'auteur présumé des faits a été retrouvé mort à son domicile, ont précisé les forces de l'ordre et le parquet antiterroriste s'est saisi de l'affaire, jeudi matin. Par ailleurs, plusieurs rassemblements de soutien aux victimes sont prévus dans la soirée à Hanau et Berlin, devant la porte de Brandebourg. Franceinfo résume ce que l'on sait ces attentats.

Deux attaques distinctes

Deux attaques distinctes ont été menées à Hanau, mercredi soir. "A ce stade, la police peut seulement confirmer que huit personnes ont été mortellement blessées", ont indiqué dans la nuit les autorités, dans un communiqué. Une personne grièvement touchée a succombé à ses blessures jeudi matin, portant le bilan de ces fusillades à neuf morts, selon un porte-parole de la police.

Les premiers tirs ont visé un bar à chicha, le Midnight, au cœur de cette ville d'environ 90 000 habitants. Selon la police, au moins une personne a été grièvement blessée sur ce premier site, vers 22 heures. Des témoins, cités par des médias locaux, ont rapporté avoir entendu une dizaine de coups de feu.

L'auteur présumé a ensuite quitté en voiture ce premier site en direction de la Kurt-Schumacher Platz, dans le quartier de Kesselstadt, selon la police. Il aurait sonné à la porte du second bar et tiré sur des personnes présentes dans la zone fumeur, tuant cinq personnes, dont une femme, selon des informations de Bild.

"Les victimes sont des gens que nous connaissons depuis des années", a réagi le fils du gérant du bar, cité par l'agence DPA. Deux employés figurent parmi les victimes, selon ce témoin, absent comme son père au moment des tirs. "C'est un choc pour tout le monde." Parmi les tués figurent "plusieurs victimes d'origine kurde", a indiqué la Confédération des communautés du Kurdistan en Allemagne (Kon-Med), accusant les dirigeants allemands de ne pas "résolument combattre le terrorisme d'extrême droite".

L'auteur présumé a été retrouvé mort

Un important dispositif policier a été déployé à Hanau après les fusillades, afin de retrouver le suspect. Un journaliste de l'AFP sur place a vu une trentaine de voitures de police partir du commissariat local et, selon des témoins, des policiers lourdement armés ont été déployés dans la ville. Selon Deutsche Welle (lien en anglais), les forces de l'ordre ont "réussi à trouver l'adresse du suspect grâce à des témoignages concernant la voiture dans laquelle il a pris la fuite".

L'homme soupçonné d'être l'auteur de la tuerie, Tobias R., a été retrouvé mort quelques heures après la double attaque, aux côtés du corps de sa mère, selon le ministre régional de l'Intérieur, Peter Beuth. "L'auteur présumé a été trouvé sans vie à son domicile à Hanau. Les forces d'intervention spéciale de la police y ont de plus découvert un autre corps. L'enquête se poursuit. Actuellement, il n'y a pas d'indication selon laquelle il y aurait d'autres auteurs", avait écrit sur Twitter la police du sud-est du Land de Hesse, où se trouve Hanau.

Les enquêteurs ont également retrouvé la voiture du tireur présumé, qui contenait des munitions et chargeurs, a précisé la presse locale, ajoutant que le suspect était muni d'un permis de chasse.

Une "motivation xénophobe"

Selon des sources proches de l'enquête, une lettre d'aveux et une vidéo ont été retrouvées. D'après Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King's College de Londres qui a obtenu ce document du quotidien Bild (en allemand) ce "manifeste de 24 pages" témoigne d'une "haine des étrangers et des non-blancs". Cet expert écrit sur Twitter que l'auteur "appelle à l'extermination de plusieurs pays en Afrique du Nord, au Proche-Orient et en Asie centrale" en usant "de termes explicitement eugénistes, affirmant que la science prouve que certaines races sont supérieures".

Le parquet fédéral, notamment chargé de l'antiterrorisme, saisi de l'enquête, affirme disposer "d'éléments à l'appui d'une motivation xénophobe", selon un porte-parole. Le ministre régional de l'Intérieur, Peter Beuth, a lui aussi parlé de "motif xénophobe". Le maire social-démocrate de Hanau, Claus Kaminsky, a évoqué une "soirée terrible, qui nous hantera certainement pendant très, très longtemps". Il a demandé d'éviter toute "spéculation" et appelé les habitants à la "prudence".

"Le racisme est un poison, la haine est un poison. Et ce poison existe dans notre société, depuis les actes de la NSU jusqu'au meurtre de Walter Lübcke et aux assassinats de Halle", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

La menace terroriste d'extrême droite

La menace d'un terrorisme d'extrême droite inquiétait de plus en plus les autorités allemandes, depuis notamment le meurtre d'un élu allemand pro-migrants, membre du parti d'Angela Merkel, en juin dernier. Vendredi, douze membres d'un groupuscule d'extrême droite avaient été arrêtés dans le cadre d'une vaste enquête antiterroriste, soupçonnés d'avoir planifié des attaques de grande ampleur contre des mosquées sur le modèle de l'auteur de l'attaque de Christchurch en Nouvelle-Zélande.

En octobre, un extrémiste de droite négationniste avait tenté de commettre un attentat dans une synagogue de Halle, un massacre évité de justesse. Faute de pouvoir pénétrer dans l'édifice religieux dans lequel les fidèles s'étaient barricadés, il avait abattu une passante et le client d'un restaurant de kébabs, diffusant en direct sur internet ses forfaits. A Dresde, dans l'ex-RDA, huit néonazis sont également jugés depuis près de cinq mois pour avoir planifié des attentats contre des étrangers et des responsables politiques.

Actuellement, 50 personnes liées à la mouvance d'extrême droite et considérées comme "des dangers pour la sécurité de l'Etat" sont particulièrement surveillées par les services de renseignement, avait précisé lundi le gouvernement allemand.

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