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1938, conférence d'Evian : quand les réfugiés juifs furent abandonnés
Mars 1938. L’Allemagne annexe l’Autriche. C’est l’Anschluss. S’en suit une vague de réfugiés, juifs autrichiens notamment. Mais où fuir alors que les Etats-Unis ne délivrent que très peu de visas. Une conférence est organisée à Evian, en juillet 1938, à l’initiative de Roosevelt pour trouver des solutions. Une conférence pour rien à un an de la guerre.
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1938. L'Europe fait face à une vague de réfugiés. Les lois antijuives allemandes et l’annexion de l’Autriche rendent intenables la situation de quelque 750.000 juifs de ces deux pays. Même si on ne parle pas encore de «solution finale» tout est fait pour les faire partir. «En 1938, le quart de la population juive, soit environ 150.000 personnes, avait déjà quitté» l'Allemagne ou l'Autriche, selon l’Encyclopédie de la Shoah.
Le monde prend conscience de la question des réfugiés. Alors que les Etats-Unis, en pleine crise économique, appliquent une politique de quotas extrêmement sévère, le président Roosevelt propose qu'une conférence sur la question des réfugiés se tienne pour «faciliter l'émigration des réfugiés politiques en provenance d'Autriche et probablement d'Allemagne». Comme aujourd’hui, dans des circonstances bien entendu différentes, il s’agit de se répartir les réfugiés.
En juillet 1938, c’est la ville d’Evian, en France, qui accueille cette conférence afin de statuer sur le sort de ces dizaines de milliers de réfugiés allemands et autrichiens, principalement juifs.
32 délégations, 9 européennes, 20 latino-américaines et 3 du Commonwealth sont présentes. Elles sont venues souvent à reculons. L’Allemagne n’est bien sûr pas invitée, ni le Portugal de Salazar. L’Italie refuse de venir en solidarité avec Berlin. L’URSS ne vient pas.
La France abrite 20 à 30.000 réfugiés
Tous les pays présents expliquent qu'ils ne peuvent pas recevoir plus de monde. La Suisse estime avoir déjà accueilli de nombreux réfugiés et vient de rétablir les visas. Le Royaume-Uni refuse de délivrer des autorisations vers la Palestine où les tensions entre migrants juifs et Arabes deviennent violentes.
Même la France, puissance invitante, se montre prudente. «J’ai le privilège de recevoir sur la terre de France, terre d’asile et de libre discussion, le comité intergouvernemental pour les réfugiés qui a répondu à un appel émouvant. La France reste ainsi fidèle à ses traditions les plus anciennes d’hospitalité universelle», disait à l’époque le délégué français Henri Bérenger qui ajoutait «contribuer dans la limite de ses moyens» à l’arrivée massive de réfugiés, bien que la situation soit arrivée «au point extrême de saturation», rappelle le site en ligne Bastamag. Il est vrai qu'en 1938, la France «abrite, à titre légal ou clandestin, 20.000 à 30.000 réfugiés du Reich secourus très souvent par des œuvres d'assistance submergées, généralement juives elles aussi.»
D’autres ont des propos plus violents. «N’ayant aucun réel problème racial en Australie nous ne sommes pas désireux d’en importer en encourageant une large immigration étrangère», affirme Canberra. Quant au délégué canadien, interrogé sur le nombre de réfugiés que son gouvernement envisage d’accueillir, il répond : «Un seul serait déjà trop», rappelle Bastamag.
La presse nazie triomphe
Pendant cette réunion de neuf jours, les délégués exprimeront les uns après les autres leur compassion envers les réfugiés. Mais la plupart des pays, y compris les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, invoqueront diverses raisons pour ne pas accepter davantage de réfugiés.
La conférence ne débouchera sur rien de concret, même si les conclusions du sommet pourraient quasiment avoir été écrites aujourd'hui. Selon le site Hérodote, «la presse allemande, triomphante, titre au lendemain de la conférence : Personne n'en veut! Hitler, dans les jours qui suivent, ne se prive pas de dauber sur cet échec : "C'était honteux de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le Peuple juif et rester de marbre quand il s'agit vraiment d'aider les Juifs!"»
Quelques mois plus tard, les pogroms meurtriers de la Nuit de Cristal, en novembre 38, ne changeront rien non plus. Les Américains ne modifieront pas non plus leur politique de quotas.
Cette conférence sera cependant un premier pas vers la création d'un statut du réfugié. Elle devait annoncer, après guerre, la création du HCR.
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