Europe : le chantage britannique au Brexit pour protéger les banques de la City
Le Royaume Uni est le pays qui bénéficie du plus grand nombre de clauses d’exemption en Europe. Il y eut le rabais britannique réclamé et obtenu en 1984 par Margaret Thatcher après son célèbre cri «I want my money back !». En 1993, Londres avait obtenu une dérogation sur le temps de travail, permettant le dépassement des 48 h de travail par semaine.
Séparation bancaire
L’idée centrale de la réforme examinée en ce moment à Bruxelles est d’obliger les plus grandes banques européennes à séparer leurs activités à risque de leur banque de dépôt.
Une leçon née de la retentissante faillite de la banque Lehman-Brother, à l’origine de la crise économique dont l’Europe n’est toujours pas sortie.
L’idée de réduire la menace des grandes banques (to big to fail) trop grosses pour pouvoir faire faillite, était devenue une évidence au lendemain de la crise des subprimes. La séparation, des activités de marché et de détail devait mettre à l’abri de la spéculation, l’épargne des citoyens européens.
Pourtant, la réforme proposée par l’ancien commissaire européen Michel Barnier se heurte aux différents lobbys bancaires, vent debout contre le projet. Ces groupes de pression ont peu à peu vidé de son contenu cette réforme conçue pour éviter les risques systémiques liés à une faillite bancaire.
Les lobbys bancaires à l'oeuvre
Au départ, la réforme devait s’appliquer à 29 banques, puis le nombre de banques systémiques en Europe a eté réduit à 14. A l’arrivée elle ne devrait concerner que quatre banques dont trois françaises qui crient au scandale. Une fois de plus la Grande-Bretagne a réussi à négocier un contournement du dispositif. Pour ne pas fâcher les Britanniques à un an d’un référendum explosif sur le maintien dans l’UE, les grands établissements de la City, c’est à dire 80% du marché bancaire, seront exemptés de toute obligation de séparation.
Le Premier ministre David Cameron ne cesse de négocier des législations dérogatoires, en faisant le chantage au Brexit, c'est-à-dire à une sortie de l’Union Européenne.
Il souhaite également priver les travailleurs européens de certaines allocations durant les quatre premières années de leur séjour au Royaume Uni. L’Allemagne semble déjà prête à céder sur ce dossier pour garder la Grande Bretagne dans l’Union.
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