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"Ils nous ont humiliés" : à Barcelone, les indépendantistes ne décolèrent pas après la mise sous tutelle de la Catalogne

En Catalogne, l'annonce de la mise sous tutelle de la région par le gouvernement espagnol a déclenché une manifestation de 450 000 indépendantistes, samedi. Tous dénoncent le coup de force de Madrid et souhaitent obtenir l'indépendance au plus vite.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie, Mathilde Dehimi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Environ 450 000 personnes ont manifesté pour l'indépendance de la Catalogne, samedi 21 octobre à Barcelone. (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

Madrid a lancé samedi 21 octobre la mise sous tutelle de la Catalogne. Concrètement, cela signifie que les administrations et le parlement catalans restent en place seulement pour gérer les affaires courantes. En cas de dérapage, la police et les médias pourraient passer sous contrôle espagnol. 

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a aussi annoncé l’application de l’article 155  de la Constitution qui sera soumis au vote du Sénat, vendredi 27 octobre. L'exécutif régional catalan devrait ainsi être dissout et des élections régionales seront organisées dans les six mois à venir. Après ces annonces, les indépendantistes catalans sont descendus dans la rue pour manifester. Ils étaient environ 450 000 à protester contre les mesures prises par Madrid. 

L'impression d'un retour à la dictature franquiste

"Le gouvernement espagnol a fait un coup d'État", s'emporte un des manifestants, en colère contre la reprise en main de la région par le gouvernement espagnol. "Ils nous ont humiliés", complète un autre. Dans la foule des indépendantistes qui manifestent, nombreux scandent "Viva independencia". Tous sont remontés contre le coup de force que vient de leur imposer le chef du gouvernement. "Adios Rajoy", lance une des indépendantistes au milieu de la foule. 

Beaucoup des personnes qui sont dans le cortège déplorent le manque de dialogue de Madrid dans ses relations avec les indépendantistes catalans. "Ils ne savent pas répondre avec la négociation mais uniquement avec la force", s'énerve un des participants à la manifestation. "On a déjà connu ça sous Franco. Ce sont les mêmes méthodes, avec un autre visage. La force, rien que la force..." Cet autre manifestant complète : "C'est un acte fasciste, comme ceux qui sont au pouvoir. Ce sont les petits-enfants et les enfants du dictateur Franco."

L'indépendance, "seule porte de sortie"

Face au blocage qui s'éternise entre Madrid et Barcelone, depuis le référendum d'autodétermination de la Catalogne, beaucoup des indépendantistes estiment qu'il n'y a plus de retour en arrière possible. "On est arrivé à un tel niveau de répression que la seule solution, c’est de déclarer l’indépendance", assure ainsi une des manifestantes présentes dans le cortège. "C’est la seule porte de sortie et c’est maintenant qu’il faut le faire !" D'autres estiment que le gouvernement de Madrid prend un risque en forçant la main des Catalans. "La situation est très compliquée", analyse ainsi un indépendantiste.

Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à aller jusqu'au bout. La seule option qu'ils nous donnent, c'est de partir.

Un manifestant indépendantiste catalan

à franceinfo

La prochaine étape dans le dossier catalan est une séance pleinère du parlement régional, la semaine prochaine, juste avant la validation finale des mesures d’exceptions décidées par Madrid samedi. C’est peut-être le moment que Carles Puigdemont attend pour déclarer l’indépendance. L’épreuve de force commencée il y a un mois est donc encore très loin de son épilogue.

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