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Les bons et les mauvais élèves de l'austérité en Europe

Alors que l’Irlande et le Portugal sont considérés comme des modèles de rigueur en Europe, l’Espagne et la Grèce restent à la traîne pour leur gestion de la crise...
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
«Pour un futur commun» : la banque espagnole Bankia, partiellement nationalisée, annonce la couleur dans un pays miné par un système bancaire défaillant. (AFP PHOTO/MANUEL COHEN)

La Grèce subit la pression de ses partenaires européens et des marchés
Ses bailleurs de fonds lui demandent le respect de ses engagements en matière d’austérité, pour éviter une sortie de l'euro. Mais Athènes montre des tendances à vouloir s'affranchir de la cure d'austérité exigée par l’Union Européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) en échange de son sauvetage.

Si les législatives du 17 juin amènent au pouvoir la gauche radicale grecque Syriza, c’est pourtant le risque. Son leader Alexis Tsipras l’a promis : en cas de victoire de son parti, il annulera le mémorandum imposant à son pays les mesures drastiques et renégociera un nouveau plan axé sur la croissance.

Echaudés par de radicales coupes budgétaires, des baisses de salaires et une 5e année de récession, les Grecs ont massivement rejeté les politiques d'austérité soutenues par les principaux partis, lors du précédent scrutin le 6 mai.

A Thessalonique, en Grèce, le 2 mars 2012 : des producteurs vendent leurs pommes de terre à prix coûtants. Un geste de solidarité des agriculteurs du nord du pays avec la population, qui gagne d’autres villes du pays. (AFP PHOTO/SAKIS MITRODOLIDIS)

L'Espagne et ses banques, qui croulent sous les actifs immobiliers toxiques, alimentent les inquiétudes
La 4e économie de la zone euro sollicite l'aide de l’UE uniquement pour un soutien qui prendrait la forme d’un mécanisme propre à recapitaliser ses banques.

Mais, malgré la pression des investisseurs, le chef du gouvernement Mariano Rajoy exclut toute aide du Fonds temporaire de secours de la zone euro ou du FMI, qui exigerait davantage d’austérité. Les milieux financiers doutent pourtant de la capacité de l’Espagne à assumer seul ses obligations financières.

Le 5 juin 2012, le ministre du Budget, Cristobal Montoro, a annoncé la couleur : l'Espagne «ne peut techniquement pas faire l'objet d'un sauvetage». Explications : une aide coûterait trop cher aux autres Etats membres.

Le pays va mal et les Espagnols se serrent la ceinture: le chômage plafonne à près de 25% et le budget d’austérité génère des coupes franches dans des secteurs comme l’éducation ou la santé.

Agence pour l'emploi madrilène, le 4 juin 2012. Le nombre de demandeurs d'emploi a légèrement baissé en mai 2012, pour le 2e mois consécutif, en Espagne où 24,44% de la population est sans emploi. (AFP PHOTO/ DOMINIQUE FAGET)

L’Irlande a dit oui au pacte budgétaire européen et à la rigueur
Le référendum irlandais était un test à la politique d'austérité en zone euro. Le gouvernement de coalition d'Enda Kenny a tout fait pour que le traité soit un jour ratifié, condition pour que Dublin bénéficie en juillet du Mécanisme européen de stabilité.

L'Irlande a été contrainte de négocier, il y a 18 mois, un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros auprès du FMI et de l'UE. Lesquels lui ont décerné de nombreux satisfecit pour son programme de redressement économique.

Ils ont toutefois noté la nécessité de mettre en place des mesures d’encouragement à la croissance. Pour ce faire, le gouvernement compte sur la relance de ses exportations.

Rembourser la dette publique tout en faisant décroître le chômage, un programme qui appelle les sacrifices auxquels ne sont pas prêts tous les Irlandais. Seule la moitié des électeurs se sont exprimés lors du référendum et la moitié des contribuables a refusé de payer une nouvelle taxe d'habitation, après une campagne de boycott.

A Dublin, le 29 mai 2012, la rue vit au rythme des pro et des anti-traité européen sur le pacte budgétaire. Deux jours plus tard, les électeurs irlandais se prononceront à 60% pour sa ratification. (AFP PHOTO / PETER MUHLY)

Le Portugal tiendra les objectifs fixés malgré les risques
Lisbonne a passé avec succès la 4e série de tests liés au plan d'aide de 78 milliards d'euros accordé par l'UE et le FMI début mai 2011. Le Portugal demeure le deuxième pays le plus risqué de la zone euro derrière la Grèce au niveau du rendement des obligations souveraines (titre représentant la part d’un emprunt émis par un gouvernement dans une devise autre que la sienne).

Tous les objectifs fixés par le plan sont respectés et celui d'une baisse du déficit budgétaire à 4,5% du produit intérieur brut cette année est «viable» en dépit des risques, a précisé le ministre portugais des Finances. Vitor Gaspar a promis de faire avancer les réformes structurelles et les privatisations prévues.

Le Portugal, plombé par un chômage à 15%, a déjà adopté d'importantes mesures d'austérité, dont des hausses d'impôts, des baisses de salaires pour les fonctionnaires et des réformes du marché du travail et du système juridique.

D’aucuns estiment qu’un coup de pouce supplémentaire sera peut-être nécessaire, mais les responsables démentent avoir besoin de fonds ou de délais supplémentaires.

Parallèlement aux mesures d’austérité, trois des principales banques portugaises vont être recapitalisées grâce au plan d'assistance international qui prévoit 12 milliards d’euros pour la Millennium bcp, Banco BPI et le groupe public Caixa Geral de Depositos.

«Dehors, le Fonds monétaire international ! Ils veulent des précaires, ils auront des rebelles» : slogan contestataire apposé sur un mur de Lisbonne au moment de la négociation d’une aide internationale au Portugal, en avril 2011. (PHOTO / PATRICIA DE MELO MOREIRA)

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