La nationalité espagnole pour les descendants de juifs expulsés en 1492
Cette année-là, les souverains Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon avaient signé l’édit de l’Alhambra ordonnant l'expulsion de toutes les personnes de confession israélite refusant de se convertir au catholicisme.
Après la chute de Grenade, dernière enclave musulmane dans la péninsule ibérique, la Reconquista sur les maures est terminée. Désormais, le territoire espagnol se trouve sous entièrement sous domination catholique. Reste donc à christianiser la population. C’est à ce moment que les souverains espagnols décident d’expulser les autres confessions : les juifs, qui avaient pourtant beaucoup fait pour cette «reconquête», sont expulsés en 1492, suivis des musulmans à partir de 1502.
Que reproche-t-on aux juifs ? Ils «essaient de soustraire les fidèles chrétiens à notre sainte foi, de les en détourner, de les dévoyer, de les attirer à leurs croyances et opinions damnées», écrit le décret d'expulsion. Une grande vague de persécution antisémite gagne alors la péninsule. C’est l’époque où se répand le concept de «limpieza de sangre», la «pureté du sang», né à Tolède en 1440…
«Recouvrer la mémoire de l'Espagne»
Aujourd’hui, le gouvernement espagnol entend «recouvrer la mémoire de l’Espagne qu’on a fait taire» et entamer «une procédure pour des retrouvailles», a déclaré le ministre de la Justice, Alberto Luiz-Gallardon, le 22 novembre 2012. Un nouveau mécanisme légal va donc «faciliter les aspects légaux du processus d’acquisition de la nationalité espagnole par les citoyens sépharades de la diaspora».
Aux termes d’un nouveau mécanisme juridique, il sera considéré que la condition de séfarade, membre d’une communauté juive d’un pays méditerranéen en dehors Israël, est «en elle-même une circonstance exceptionnelle qui donne droit à la nationalité (espagnole, NDLR) indépendamment du lieu de résidence du demandeur», a expliqué le ministre. Le candidat devra toutefois démontrer des liens objectifs avec l'Espagne, «que ce soit par les noms, la langue familiale, la descendance directe, ou un lien de parenté collatéral», avec des séfarades auxquels la nationalité espagnole a déjà été accordée.
Difficile toutefois d’établir le nombre de personnes qui pourraient profiter de la procédure. On compterait aujourd’hui plusieurs centaines de milliers de locuteurs du dialecte judéo-espagnol, le ladino.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.