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"Construire un futur où chacun a sa place" : l'après ETA se joue dans les communes du Pays basque espagnol

L'organisation terroriste basque ETA a annoncé mercredi sa décision de se dissoudre. Après 60 ans d'existence et plus de 800 morts, les divisions ont laissé des traces dans les communes du Pays basque espagnol. 

Article rédigé par Mathieu de Taillac
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Lors d'une manifestation pour la libération de prisonniers ETA à Bilbao, le 21 avril 2018.  (ANDER GILLENEA / AFP)

Beasain, petite ville industrielle de 14 000 habitants en plein milieu du Pays basque espagnol, reste encore marquée par la lutte indépendantiste basque. Deux policiers y ont été assassinés en 2001 et trois membres de l’organisation terroriste encore en prison en sont originaires.

Avant même l'annonce de la dissolution d'ETA, la mairie a invité les citoyens à organiser un groupe de discussion entre habitants de sensibilités très différentes. L’éventail va d’un ex-membre du groupe séparatiste à une personne qui dû vivre sous la protection d’un garde du corps. Autour d'une table, ils ne parlent pas de la violence, mais des violences. Celle d’ETA, celle de la police aussi, avec la "guerre sale" menée contre le terrorisme dans les années 1980. 

Un quotidien qui se reconstruit pas à pas

Mais sont-ils tous d’accord pour dire que tuer est une mauvaise chose ? "On va beaucoup plus lentement que cela ! Il faut aller pas à pas. Pour le moment on a parlé ensemble, on a organisé des journées sur le vivre ensemble. On veut construire un futur où chacun a sa place", confie une participante. 

Pour prendre la mesure de ce qu’était la vie dans certaines communes basques et de ce qu’elles pourraitent devenir, il faut écouter les habitants parler de l’évolution.

Ici, nous nous connaissons tous. Nous savons plus ou moins ce que pense le voisin. Mais nous, on a été capable de s'asseoir ensemble et de parler. C’est quelque chose qui était impensable il y a encore très peu de temps.

Une habitante de Beasain

à franceinfo

A côté, un habitant ajoute : "On est passé de se croiser dans la rue sans jamais se dire bonjour à prendre des verres ensemble". "Vu de l’extérieur, ça peu avoir l’air complètement banal. Mais après ce qu’on a vécu pendant des années, pour nous c’est un changement très important", souligne un autre participante.  

Détruit par 60 ans de silences et de rancœurs gardées, le quotidien commence à peine à être reconstruit à Beasain comme ailleurs au Pays basque espagnol. À tout petits pas, sans grands communiqués, tambours ni trompettes. 

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