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Ces jeunes Espagnols venus en France pour travailler

Le chômage en Espagne touche une majorité de jeunes et n’épargne pas les diplômés. Ils sont nombreux à quitter leur pays pour poser leurs valises là où ils espèrent trouver un emploi. La France est l’une de leur destination.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La jeunesse madrilène dénonce les coupes budgétaires dans l'éducation (15/04/2012) (AFP PHOTO/ PEDRO ARMESTRE)

En avril 2012, un million de diplômés espagnols étaient au chômage dans leur pays et 44% de ceux qui avaient un emploi étaient surqualifiés pour le poste, selon l'Insee.

Le 30 janvier à Bruxelles, le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy estimait que le taux de chômage en Espagne, à 24%, allait encore empirer en 2012. «Le chômage touche tous les âges mais particulièrement les jeunes», confirmait alors le Premier ministre, soulignant qu’il plafonnait à 48,6% pour les moins de 25 ans. Conséquence : «Un jeune sur deux qui cherche du travail n'en trouve pas et nous assistons à un phénomène alarmant d'émigration d'un nombre important de diplômés espagnols», avait-il alors déploré.

Les candidats au départ, d’autant plus s’ils sont diplômés, n’hésitent plus en effet à s’exiler en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, mais aussi au Canada, aux Etats-Unis, voire en Australie. Ce sont donc d’autres pays qui profiteront des efforts de l’Espagne en matière d’éducation.

Pour l'Insee, le nombre d'Espagnols qui ont émigré a augmenté de quelque 45% durant le premier semestre 2012, par rapport à la même période de 2011. Et plus de 60% ont rejoint un pays hors de l’Union européenne, comme le Brésil, l’Argentine ou le Chili.

 

L'exil des jeunes espagnols reportage Caroline Thébaud France 2 le 18/11/2011

 

La France reste attractive
Si le sud-ouest de la France fait partie d’une des destinations des 20-35 ans, appelés la Generacion noqueada (la jeunesse sacrifiée), Paris attire aussi les jeunes, comme Fernando, photographe de 35 ans, ou Natalia, 25 ans, journaliste. Tous deux disent être venus en France par choix et non par défaut. Le premier parce qu’il adore cette ville qui l’inspire pour ses photos, la seconde pour apprendre la langue.

Toutefois, la crise en Espagne reste présente dans leurs propos. Tous deux free lance, ils ont chacun un travail alimentaire dans la restauration pour pouvoir continuer à faire leur métier. C’était déjà le cas en Espagne, où leurs collaborations pour des agences ou dans la presse étaient de moins en moins payées. Aujourd’hui, Fernando le Madrilène n’envisage pas de rentrer au pays dans un futur proche. Il aimerait pouvoir vivre de son travail photographique en France.

Natalia, elle, compte faire de son départ une force : apprendre le français puis s’envoler pour la Nouvelle-Zélande afin d’améliorer son anglais, tout en écrivant, sa passion. Ses proches, restés à Saragosse, ne sont pas vraiment touchés par la crise, dit-elle. Mais à son frère qui rentre à l’université et est inquiet pour son avenir, elle conseille d’apprendre l’anglais et de quitter l’Espagne, une fois qu’il aura terminé ses études.

 

Emplois précaires pour jeunes diplômés

BFMTV, le 16 novembre 2011

 

Pas de chiffres précis des flux migratoires
A Pau, le consulat d'Espagne constate «une augmentation des demandes de renseignements sur les opportunités d'emplois». Dans le sud de la France, beaucoup de demandes concernent un travail saisonnier dans l’agriculture. S’il est encore trop tôt pour parler de flux migratoires, les Espagnols, «font des allers-retours» entre les deux pays, précise-t-on au consulat.

Globalement, toutes les représentations espagnoles dans les régions font état d’appels de plus en plus nombreux pour des informations dans tous les domaines d’activités, allant de l’agriculture, au bâtiment, en passant par la communication ou la santé.

L’ambassade d’Espagne à Paris précise pour sa part qu’il n’y a pas de chiffres centralisés, car avec l’espace Schengen, les arrivants peuvent passer en France puis se déplacer dans toute l’Union européenne, voire rentrer chez eux sans avoir signalé leur présence au consulat, comme cela se faisait auparavant.

En Espagne, là où la ministre de l’emploi Fatima Banez évoque une «fuite de talents sans précédent», le ministère de l’Education supérieure ne voit qu’un phénomène marginal. Dans son dernier Eurobaromètre, la Commission européenne signale, pour sa part, que sept jeunes Espagnols sur dix envisagent de s’installer à l’étranger.

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