"On n'est pas encore dans la phase de colère" : l'incompréhension domine toujours après l'attentat à Barcelone
Deux jours après l'attaque à la camionnette-bélier qui a frappé Barcelone, jeudi, les proches des victimes françaises ne comprennent toujours comment un tel drame a pu arriver.
Barcelone se relève doucement de l'attentat à la voiture bélier qui a frappé Les Ramblas, dans l'après-midi du jeudi 17 août. Cette attaque, revendiquée par le groupe État islamique, a fait au moins 13 morts et une centaine de blessés. Depuis vendredi, la célèbre artère barcelonaise est de nouveau ouverte et a renoué avec la foule comme un acte de résistance.
Pendant ce temps, dans les hôpitaux, de nombreuses victimes sont entre la vie et la mort. Parmi la trentaine de nationalités concernées, on compte 30 blessés français, dont cinq dans un état grave. Samedi après-midi, seules 16 personnes avaient pu quitter les hôpitaux barcelonais.
Remise en cause de la sécurité
La Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), fondée en 1994 en France, a dépêché sur place Sophia Seco, sa référente juridique. Elle est présente sur place pour épauler et conseiller les victimes et leurs familles.
On n'est pas encore dans la phase de colère, je pense que l'on est dans la phase de choc.
Sophia Séco
référente juridique à la Fenvacà franceinfo
Sophia Seco raconte l'incompréhension des familles : "Les parents d'une victime gravement blessée remettent en cause la sécurité de cette zone. Ils font le parallèle avec le petit village où ils habitent en France. Là-bas, tous les moyens ont été mis en œuvre pour éviter ce type d'attaque." Cette famille ne comprend pas "qu'une artère aussi fréquentée que Les Ramblas soient ouvertes et que cet attentat ait été possible". Pour les poursuites judiciaires, il est trop tôt selon la référente juridique, car "on en est encore à soigner les blessures".
Incompréhension chez les victimes
"Chez les victimes que j'ai rencontrées, c'est l'incompréhension", relate Sophia Seco. Les mots ne sont pas les mêmes, mais l'idée est identique dans les propos rapportés par l'aumônier de l'hôpital del Mar à Barcelone. Le Père Patrick Stref a rencontré une jeune victime de 11 ans : "Les enfants, à 11 ans, ont du mal à comprendre cette violence des adultes", indique-t-il.
Si "on sait que ce sont des images qui seront gravées dans sa tête pour toute sa vie", l'unique comportement à adopter est "faire acte de présence, de dire : 'On est là'", explique Patrick Stref. La colère est aussi présente. "On est religieux, mais on est aussi humain, confie l'aumônier. J'essaie d'éviter ce sentiment de haine, parce que je pense que l'on n'a pas peur."
Cette volonté de manifester de l'assurance s'est retrouvée, vendredi, sur Les Ramblas de Barcelone. "C'est un peu le cri que poussaient tous les Catalans à la minute de silence : 'On n'a pas peur et on ne changera pas notre mode de vie.'", décrypte Patrick Stref.
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