"Il y a un avant et un après attentat" : la vie tente de reprendre son cours à Barcelone
Sur les Ramblas, à Barcelone, la fréquentation n'est pas la même que d'habitude après l'attentat de jeudi 17 août. La célèbre avenue garde les stigmates de cette soirée meurtrière.
La ville de Barcelone tente de reprendre ses activités touristiques et commerciales après l'attentat qui a fait 13 morts et une centaine de blessés, jeudi 17 août. Mais les Ramblas, où le conducteur d'une camionnette a délibérément percuté la foule, gardent les stigmates de cette soirée meurtrière. La fréquentation n'est pas la même que d'habitude.
Vendredi soir, des passants déambulent sur la voie piétonne la plus célèbre de Barcelone mais ce n'est pas la foule des grands soirs. Il y a d'abord le tourisme de catastrophe, où l'on vient pour dire : "J'y étais". Il y a aussi ceux, très nombreux, qui ont besoin de voir de leur yeux pour accepter l'inimaginable. "Il fallait qu'on vienne pour y croire", reconnaît Chourouk. Cette touriste, arrivée d'Arabie Saoudite trois jours plus tôt, ressent le besoin de prendre part à la tristesse des Barcelonais : "On a marché jusqu'ici pour se rassembler, voir d'autres gens et partager ce qu'on ressent tous ensemble."
On est tellement triste de ce qu'il s'est passé, ces gens qui ont perdu leurs enfants
Chourouk, touriste saoudienneà franceinfo
Un peu plus loin, Hidine, lui, est choqué par la vie qui reprend son cours dans la ville catalane. "Il me semble qu'il y a un avant et un après attentat. Les gens sont morts ici. J'ai l'impression de passer par un cimetière. Je regarde les gens qui mangent dans les restaurants, je me demande comment ils peuvent manger", indique cet habitant de Fribourg en Suisse, en vacances depuis une semaine à Barcelone. Une famille française du Havre est justement attablée à une terrasse des Ramblas. "On ne va pas non plus s'arrêter de vivre pour ça !, lance la mère de famille, Sabrina. Pour elle c'est aussi une façon de rendre "hommage aux gens qui sont partis."
Le commerce en berne
D'habitude, ici, le vendredi soir, les commerçants se frottent les mains. Mais, au lendemain de l'attentat, ces derniers notent que la fréquentation n'est pas la même. "Il y a moins de personnes aujourd'hui, déplore Barri, qui tient une échoppe de souvenirs et cartes postales. Les gens sont réticents. C'est une mauvaise chose pour tout le monde." Même sentiment dans les restaurants. Oscar peine à vendre ses tapas : "En ce qui concerne la clientèle, il n'y en a pas beaucoup. Il y a du monde dehors mais les gens font des selfies, se promènent sur les Ramblas pour voir ce qu'il s'est passé."
Au milieu des touristes, de nombreux Espagnols sont également venus sur les Ramblas, comme Jean qui vit à 50 km de la ville. "J'ai vu les images à la télévision, dit-il. Je ne trouve pas que ce soit normal mais je constate que c'était prévisible, avec toutes les alarmes des autres pays. Les Ramblas devaient avoir plus de protection policière et interdire la circulation des camionnettes.
Je n'arrive pas à comprendre qu'il n'y ait pas eu beaucoup plus de surveillance.
Jean, habitant de Catalogneà franceinfo
Tout au long du parcours de la camionnette, des bougies, des peluches et des messages ont été déposés. La foule se rassemble dans ces zones en mémoire aux victimes. Un peu à l'écart, quatre jeunes d'une vingtaine d'années sont assis sur un skateboard. Devant eux, une petite bougie qui scintille dans l'obscurité. Leurs yeux sont rougis de larmes. Ils sont revenus là où un ami a perdu la vie.
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