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Vidéo Tribune pour "sortir de l’inaction climatique" : "Les questions de fond ne sont pas posées", déplore l'une des signataires

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Article rédigé par franceinfo
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Dans une tribune publiée mardi sur franceinfo, des scientifiques appellent les candidats à la présidentielle et les médias à "sortir de l’inaction climatique".

"Les questions de fond ne sont pas posées", déplore Magali Reghezza-Zitt, maître de conférences en géographie à l’École normale supérieure (ENS) et signataire d'une tribune publiée mardi 1er février sur franceinfo dans laquelle 1 400 scientifiques appellent les candidats à la présidentielle et les médias à "sortir de l’inaction climatique". "On regarde par le petit bout de la lorgnette, avec des oppositions qui sont très violentes, assez caricatures, binaires", estime la chercheuse. "Ce sont des questions qui touchent à l'ensemble des enjeux démocratiques", insiste-t-elle.

franceinfo : On évoque le prix de l'électricité, le prix de l'énergie, du nucléaire. On en parle des questions environnementales tout de même dans cette campagne ?

Magali Reghezza-Zitt : Le problème, c'est la manière dont on en parle. C'est-à-dire que quand on regarde la question de l'électricité et qu'on la rapporte à la question du changement climatique. On a un problème de décarbonation du secteur de l'énergie dans son ensemble, et pas que de l'électricité. Aujourd'hui, sur l'électricité, on est pour ou contre le nucléaire. On est sur des débats binaires et les questions de fond ne sont pas posées. Comment on va décarboner tout le secteur de l'énergie ? Comment on va limiter la précarité énergétique ? Comment on va réduire des inégalités territoriales ? Comment on va développer la formation, l'emploi, les enjeux de santé, enjeu de qualité de vie ?

"On regarde par le petit bout de la lorgnette, avec des oppositions qui sont très violentes, assez caricaturales et binaires. Les Français n'ont pour l'instant pas le choix entre différentes options ou pistes qui peuvent être très variées et qui vont être les enjeux des cinq prochaines années."

Magali Reghezza-Zitt, maitre de conférences en géographie à l’École normale supérieure (ENS)

à franceinfo

Ce que nous demandons, c'est qu'à un moment donné, ces questions soient posées, mises à l'agenda de la présidentielle, au-delà de ces caricatures pour présenter des projets, des visions différentes parce qu'il y a là un enjeu d'action pour les prochaines années.

Comment exposer ces sujets lors d'une campagne présidentielle ?

Il ne s'agit pas de théories complexes. Il s'agit vraiment de dire qu'on a aujourd'hui un état des lieux et des besoins, parce que la France s'est engagée et qu'il y a des enjeux de sécurité pour les populations, économiques et sociaux. Derrière, il faut se dire qu'on a plusieurs voix et c'est justement le lieu d'une campagne démocratique, dire aux citoyens : "Par où, moi candidat, si je suis élu, je veux passer pour arriver à ces objectifs."

Le premier sujet est d'abord de rappeler que les questions environnementales ne sont pas que des questions d'écologie. Ce sont des questions qui touchent à l'ensemble des enjeux démocratiques : l'emploi, la formation, la sécurité sociale, le logement, les inégalités de transports, etc.

Est-ce que l'écologie intéresse les électeurs ?

Quand on regarde les enquêtes d'opinion et quand on regarde le travail qu'on fait chez les sociologues, l'environnement est toujours dans les trois premières préoccupations des Français. On a l'expérience, quand on parle d'environnement, les salles sont pleines. Ça intéresse beaucoup les jeunes, mais ça intéresse aussi toutes les catégories de la population. On une chance unique aujourd'hui, c'est de pouvoir mettre un bulletin dans l'urne pour décider des voies, des chemins qu'on va prendre dans le futur.

Vous dites que l'écologie, l'environnement sont très présents. C'est un des sujets de préoccupation des Français. Pourtant, le candidat écologiste, Yannick Jadot, sa campagne patine.

Il y a deux choses. D'abord, cette tribune est non partisane. Les scientifiques qui ont signé viennent de tous les bords politiques. Le sujet, justement, c'est que l'environnement ne se réduit pas à l'écologie. Ces questions traversent l'ensemble des sujets de société, à droite, à gauche ou au centre. Quel que soit le parti dans lequel on se trouve, on a besoin de poser ces questions Donc, il y a effectivement le candidat écologiste, mais tous les autres candidats, quand ils parlent de leur programme, ils parlent de ces sujets environnementaux.

Quand on parle des héritages, par exemple, comment est-ce qu'on va faire pour léguer des bâtiments, quand une partie est en zone inondable ? Une partie va être soumise à la remontée du niveau marin ? Qu'on a des maisons qui vont se fissurer à cause des risques de sécheresse ? Donc, on voit bien que derrière, c'est un ensemble de sujets. Sur l'emploi, la reconversion qu'il va falloir engager par rapport aux enjeux environnementaux, de la biodiversité, du climat, des océans, c'est des emplois qui vont être détruits et des emplois qu'il va falloir recréer. On a des sujets majeurs de reconversion des filières agricoles, touristiques, industrielles, du transport, du logement de l'école. Ça irrigue tout le débat politique.

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