Une étude alarmante pour les consommateurs de poisson du Rhône
L'étude a été réalisée en mars-avril par un laboratoire lyonnais agréé sur 52 prélèvements sanguins auprès de volontaires âgés en moyenne de 51 ans par l'Association Santé Environnement Provence (Asep) qui regroupe quelque 300 médecins. Il s'agit de six "témoins" (n'habitant pas près d'un fleuve et ne consommant guère de poisson), 42 habitants du delta du Rhône, 3 pêcheurs de la Seine et un pisciculteur de la Somme.
"Tout le monde a du PCB en lui, mais ce taux est quatre à cinq fois supérieur chez ceux qui ont mangé du poisson", a déclaré le docteur Pierre Souvet, président de l'ASEP. "Il faut briser le culte du secret. C'est une contamination sérieuse que les pouvoirs publics ne doivent pas minimiser". En effet : les volontaires rhôdaniens consommant au moins une fois du poisson par semaine, présentent en moyenne un taux de 70 pico-grammes dans les prélèvements sanguins. Le taux normal se situe entre 5 et 15 pico-grammes, selon les médecins.
Pour le docteur Patrice Halimi, secrétaire général de l'association, l'étude apporte "plus de questions que de réponses", notamment pour savoir si les taux élevés sont liés uniquement à la consommation de poisson. Elle sert d'"aiguillonage" pour les pouvoirs publics.
Interdits en France depuis 1987, les PCB (polychlorobiphényles ou pyralènes) sont classés par l'ONU parmi les polluants les plus dangereux. Ils peuvent favoriser des cancers du foie, du colon, du sein et du pancréas, avoir des effets neurotoxiques chez les enfants avec des
troubles du développement cérébral, et provoquer une baisse du système immunitaire et des troubles de la reproduction.
La pollution du Rhône aux PCB a entraîné en 2006-2007 l'interdiction de la pêche et la consommation du poisson de ce fleuve, partiellement levée en mai. Le WWF estime que l'Etat aurait dû lancer plus tôt une enquête sanitaire nationale. Le préfet du Rhône a annoncé avant-hier une étude nationale auprès de 150 pêcheurs-consommateurs de poissons de rivière dès octobre pendant deux ans.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.